Education : les chefs d’établissements auront une prime au mérite

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien le 25.01.2011

Un accord a été signé pour que les chefs d’établissements (principaux et proviseurs) obtiennent une prime au mérite. Dès cette année, proviseurs des lycées et principaux des collèges auront droit à une rémunération supplémentaire si leurs résultats sont bons.

Un accord a été signé entre le ministère de l’Education et trois syndicats (SNPDEN-Unsa, I&D (Indépendance et Direction) et le Sgen-CFDT) mais cette initiative fait déjà grincer des dents chez les enseignants confrontés à 16 000 suppressions de postes dans leur secteur.

Le président de la République à l’occasion de ses voeux au monde de la culture et de l’éducation a estimé que « la rémunération de nos professeurs, c’est le chantier de l’avenir ».

« Nous avons conclu un accord » avec les syndicats représentant les chefs d’établissements, après « plusieurs mois » de discussions, a confirmé de son côté mardi matin sur France Info le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel. Les résultats à partir desquels principaux et proviseurs seront évalués pour obtenir, ou non, cette prime, seront par exemple le « projet pédagogique d’un établissement », les « résultats scolaires », la « capacité d’intégrer des élèves en grande difficulté », a détaillé le ministre. Il s’agira de « mettre en place des contrats d’objectifs et de performance, et ensuite évaluer à partir des résultats de ces contrats ».

« Jusqu’à 6 000 euros tous les trois ans »

« C’est une prime qui peut aller jusqu’à 6 000 euros tous les trois ans, il s’agit d’une prime de fonction et de résultats qui se développe partout dans la fonction publique, explique sur RTL Philippe Tournier, responsable du SNPDEN, syndicat signataire, majoritaire chez les chefs d’établissement. Et donc effectivement il y a un aspect nouveau qui est celui du résultat lié à une évaluation à laquelle nous avons droit tous les trois ans, C’est une prime significative mais pas extraordinaire. »

Autre son de cloche chez Daniel Robin du SNES, principal syndicat d’enseignants qui estime que cette initiative n’est pas un bon signe pour l’avenir des relations entre les enseignants et les chefs d’établissements.

Daniel Robin souligne que cette prime, qui ressemble à celle que viennent de reçevoir les recteurs d’académie, c’est l’encouragement pour les chefs d’établissement à mieux faire passer les suppressions d’emplois dans leurs établissement : « On est dans une logique de perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires, c’est une rémunération à la servilité. » Et d’ajouter : « L’image que le chef d’établissement va donner, c’est quelqu’un qui est désormais dans le camp de ceux qui défendent des politiques contestées, comme les suppressions de postes ou la réforme du lycée ».

Depuis la rentrée, certains chefs d’établissement sont engagés dans des dispositifs baptisés CLAIR qui leur permettent d’avoir la main sur le recrutement de leur équipe de professeurs.