CLAIROIX Les Continental s’invitent à l’Elysée

, par udfo60

Le Courrier Picard du 24/03/2009

Les 1120 salariés du site ont repris le chemin des ateliers, après douze jours de grève. Selon la CFDT, aucun pneu n’a été produit lundi matin. La CGT appelle les ouvriers à débrayer, mercredi. Les Continental veulent voir le Président.

Des bus ou un train ? C’est leur seule incertitude. Pour le reste, les Continental ne varient pas ; comme ils l’avaient annoncé jeudi, en mairie de Compiègne, ils s’inviteront à l’Élysée demain mercredi, jour de conseil des ministres.


Après douze jours d’arrêt de production, les salariés reprennent le chemin des ateliers sans conviction.

(Photo DOMINIQUE TOUCHART).

« Le moral n’y est pas ; on n’a pas le coeur à faire du pneu »

L’heure du changement d’équipe. Visages fermés, épaules tassées, regards parfois las. Pour la première fois depuis douze jours, les Continental reprennent le chemin des ateliers, sans conviction. Des grappes de bleus de travail contournent les débris calcinés de pneus, franchissent la barrière d’entrée de l’usine. Le barnum du piquet de grève est toujours là ; les équipes de week-end aussi, « par solidarité. »

« Le moral n’y est pas, soupire Bernard, 43 ans. Pour l’instant, les gens tournent autour des machines, bidouillent, regardent les arrêts d’urgence. On n’a pas le cœur à faire du pneu. » Discours plus radical chez les plus jeunes, cette génération des 30 ans qui sait déjà qu’elle « ne retrouvera pas du boulot dans le coin, avec un aussi bon salaire ». Ceux-là ne concèdent rien comme Sébastien, 32 ans, salarié de l’équipe de week-end aux préparations. « S’ils ferment, c’est qu’il y a trop de pneus. On va pas en faire plus pour être viré ensuite, tempête le jeune homme. Moi, je ferai une production acceptable quand ils nous feront une proposition de départ acceptable ». Mickaël approuve. Il a 30 ans, dix ans d’ancienneté et donne libre cours à sa colère. « Ils ont cassé le contrat moral ; ça dépasse tout entendement. J’ai jamais vu cette façon de faire : démentir une semaine avant, qu’on va fermer et annoncer une semaine après, la fermeture. » Sous le barnum, un petit brun lance le mot de la fin à la cantonade. « En étant vulgaire, on n’en glandera aucune ! »