Glyphosate : une étude montre une nette augmentation du risque de lymphome

, par Michel DECAYEUX

Une nouvelle publication regroupant toutes les données existantes décrit un risque accru de 41 % pour les travailleurs les plus exposés.

C’est le dernier épisode en date du feuilleton scientifique sur le glyphosate. Selon une nouvelle étude publiée la semaine dernière, le risque de développer un lymphome non hodgkinien (LNH), une forme rare de cancer du sang, est accru de 41 % pour les travailleurs les plus exposés. Inventé par Monsanto, l’herbicide vendu sous le nom commercial de Roundup est aujourd’hui le plus utilisé au monde.

« Ces résultats sont très convaincants », a expliqué l’une des auteures, Emanuela Taioli, professeur d’épidémiologie à l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York), jointe par Le Monde. La publication, qui regroupe les données de toutes les études épidémiologiques existantes, montre une augmentation du risque de lymphome pour les personnes qui ont été très exposées non pas au glyphosate seul, mais aux produits formulés à base de glyphosate, dans les conditions réelles d’utilisation et d’exposition.

Et à n’en pas douter, ces conclusions auront un retentissement dans les tribunaux. A ce jour, 9 000 procédures judiciaires sont en cours au Etats-Unis contre Monsanto, initiées par des personnes atteintes de lymphome, ou par leur famille pour celles qui sont mortes. Toutes estiment le glyphosate responsable de leur maladie.

Ces plaintes s’appuient notamment sur les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). En mars 2015, cette agence des Nations unies avait classifié le glyphosate comme « cancérogène probable ». Une décision qui avait initié une controverse internationale sur la dangerosité de l’herbicide. Elle s’opposait en effet aux conclusions de la plupart des agences réglementaires à travers le monde, dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments et l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

La bataille judiciaire du jardinier Dewayne Johnson

L’exposition au glyphosate augmente le risque de cancer, dit une étude Une nouvelle publication dans le journal en ligne Reviews in Mutation Research montre une nette augmentation du risque de lymphome . Cette étude, menée par un groupe de chercheurs de plusieurs universités américaines regroupe toutes les données existantes. Et elle décrit un risque accru de 41% pour les travailleurs les plus exposés aux herbicides à base de glyphosate, comme le Roundup, de développer un lymphome non hodgkinien. Le glyphosate serait responsable d’une forme rare de cancer du sang, le LNH, lymphome non hodgkinien. Atteint de cette maladie, Dewayne Johnson, l’ex-jardinier californien, longuement exposé à l’herbicide Roundup, a d’ailleurs gagné en justice contre Monsanto en août dernier. A ce jour, 9 000 procédures judiciaires sont en cours aux Etats-Unis contre Monsanto, le géant des pesticides.

Cette nouvelle étude menée par des chercheurs américains pourrait apporter de l’eau à leur moulin. Elle agrège en effet les résultats des données existantes concernant la maladie développée par des personnes qui avaient été exposées à des produits à base de glyphosate. Les chercheurs rapprochent ces données des études expérimentales réalisées sur les souris, puisque chez les rongeurs aussi, on retrouve des lymphomes malins, équivalents du LNH.

Pour Monsanto, l’étude « mélange des données incompatibles » La firme allemande Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018, a riposté en jugeant que la publication « mélange des données incompatibles » et que des agences réglementaires avaient conclu que le glyphosate n’était pas cancérogène. Cette nouvelle étude vient consolider les conclusions du Centre international de recherches contre le cancer (CIRC, qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé) qui avait classifié le glyphosate comme cancérogène probable en 2015.