La CFDT ravit à la CGT sa première place

, par Michel DECAYEUX

AFP/le Parisien

Après avoir ravi à la CGT la première place dans le secteur privé, la CFDT devient le premier syndicat français, secteurs privé et public confondus, à l’issue des élections dans la fonction publique. Il y a deux façons de lire les résultats des élections professionnelles dans la fonction publique rendus publics ce mardi par le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt. La première est circonscrite à la représentation syndicale des fonctionnaires. Etat, collectivités locales, hôpitaux cumulés, le palmarès est inchangé, avec une légère érosion de la participation passée sous la barre des 50 % (49,8 %). La CGT reste première, devant la CFDT, et Force ouvrière, selon des résultats encore provisoires.

35.000 voix d’écart Mais cette stabilité masque d’importantes évolutions, en premier lieu pour la centrale de Philippe Martinez. La CGT avait déjà perdu 2,3 points en 2014 , lors du premier scrutin commun aux trois fonctions publiques. Elle amplifie sa baisse, de 1,3 point, et descend à 21,8 %. Cette nouvelle perte d’audience emporte une autre conséquence, historique, elle. Elle permet à la CFDT de devenir la première organisation syndicale française. La centrale de Laurent Berger avait déjà ravi à celle de Philippe Martinez le leadership dans le secteur privé en mars 2017. Il suffisait que l’avantage en voix de la CGT dans la fonction publique diminue de 20.000 pour que le paysage national, public et privé confondus, soit bouleversé. Ce seuil est dépassé : l’écart s’est réduit de 35.000 voix. « C’est historique, la CFDT devient le 1er syndicat en France, public et privé confondus », s’est réjoui Laurent Berger sur Twitter. Cette situation est cependant plus une défaite de la CGT qu’une victoire de la CFDT. Si elle reste le deuxième syndicat du public, la centrale de Laurent Berger voit aussi son score baisser, même si c’est légèrement, passant de 19,2 % à 19 %. Cette évolution est due à une baisse d’audience de 0,5 point dans la fonction publique hospitalière. La CFDT y perd la deuxième place au profit de Force ouvrière, en progression d’un point, à 24,8 % tandis que la CGT reste loin devant à 31,6 % mais en baisse, elle, de 0,6 point.

Le nouveau secrétaire général de FO, Yves Veyrier, n’a pas manqué de se féliciter de cette performance, comme du fait que sa centrale conserve la première place dans la fonction publique d’Etat.

FO menacée par la FSU Mais là encore, les résultats montrent que Force ouvrière fait aussi face à une baisse de sa représentativité. Toutes fonctions publiques confondues, elle est du même ordre que celle de la CFDT, soit 0,5 point. FO progresse dans la police et l’administration pénitentiaire mais pas dans l’éducation, où elle avait créé la surprise en 2014 . Elle voit en outre sa suprématie menacée au sein de l’Etat par la FSU. L’organisation dirigée par Bernadette Groison peut souffler, elle qui avait fait une contre-performance en 2014. Elle a regagné de l’audience, passant de 8 % à 8,7 %. Mais elle a un peu moins progressé que l’Unsa qui continue sur sa lancée, avec un gain global de 0,9 point. Le syndicat né de la scission de la Fédération de l’éducation nationale ayant donné naissance également à la FSU, confirme sa quatrième place dans la fonction publique, avec un score toutes fonctions publiques confondues de 11,2 % contre 10,30 % en 2014. Les plus petits syndicats - CFTC, CGC, en progression, ainsi qu’autonomes de la FGAF - sauvent cette fois encore leur droit à négocier, grâce à des règles beaucoup plus souples dans la fonction publique que dans le privé. L’accord sur l’égalité femme-homme négocié dans la fonction publique a reçu le 30 novembre la signature de six syndicats de fonctionnaires (FSU, CFDT, Unsa, CFTC, CGC et autonomes de la FA-FP), la CGT, FO et Solidaires refusant de se prononcer. Ce n’est pas suffisant au regard des résultats du scrutin de 2014 pour dépasser le seuil de 50 % de représentativité, à moins de 1 point près. « Bien qu’infiniment proche de la majorité, l’accord ainsi signé ne recueille pas l’adhésion nécessaire à sa mise en oeuvre », avait regretté le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, le 30 novembre.

Les résultats des élections publiés ce mardi ne peuvent être pris en compte sur le plan juridique, a reconnu le secrétaire d’Etat, Olivier Dussopt. Mais le fait que les signataires soient désormais majoritaires donne une valeur politique à l’accord que le gouvernement entend respecter. Il sera donc appliqué. Les pouvoirs de signature cumulés des six organisations ayant paraphé l’accord représentent 51,2 % des suffrages, selon le secrétaire d’Etat.