Le charbon tue 18.000 Européens chaque année

, par Michel DECAYEUX

04/06/2015 Euractiv

Déplacements forcés, morts par milliers, émissions de CO2 : « l’Atlas du charbon 2015 », publié par la fondation Heinrich Böll taille un costume à l’énergie fossile

Chaque année, les centrales électriques au charbon dégagent 15,5 milliards de tonnes de CO2 dans l’air. Soit un quart de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Pour l’UE, elles engendrent de lourdes conséquences sur le climat, mais également sur les systèmes de santé. Chaque année, les centrales à charbon représentent un coût de 48 milliards d’euros pour la santé. C’est ce que montre l’Atlas du charbon 2015, publié le 2 juin. Ce rapport, réalisé par la fondation Heinrich Böll, membre du parti des Verts et les Amis de la Terre Allemagne (BUND), a pour objectif d’aider les responsables politiques à éliminer le charbon. « La chancelière allemande, Angela Merkel, veut montrer l’exemple sur la protection du climat. Même si l’Allemagne a mis en place l’Energiewende [transition énergétique], cela ne marchera pas si les émissions de gaz à effet de serre issues des centrales à charbon continuent d’augmenter », a déclaré Barbara Unmüßig, membre de la fondation Heinrich Böll dans une déclaration à EurActiv Allemagne.

Si la communauté internationale espère maintenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés jusqu’à 2050, l’ensemble des pays de la planète ne peut émettre que 1 000 gigatonnes (milliards de tonnes) de dioxyde de carbone supplémentaires. Cela n’est possible que si 80 % des ressources de charbon restent dans le sol, indique le rapport. Effets néfastes sur la santé et violations des droits humains Selon le rapport, le charbon a des conséquences encore plus graves. Les mines à ciel ouvert détruisent les habitats naturels et le processus de combustion du charbon émet de grandes quantités de polluants toxiques, qui menacent la santé des populations.

Dans l’UE, plus de 18 000 personnes meurent chaque année des effets de la pollution de l’air causée par la production de charbon et les centrales à charbon, selon l’ONG Alliance pour la santé et l’environnement, citée dans l’Atlas du charbon.

Il y a une semaine seulement, Greenpeace mettait en garde contre les effets néfastes que pouvaient avoir les émissions de mercure émanant des centrales à charbon pour la santé. Le métal lourd toxique augmenterait le risque de crise cardiaque, de cancer et de maladie d’Alzheimer. Selon l’ONG, les centrales au lignite, qui génèrent la moitié des émissions de mercure en Allemagne, émettront à l’avenir 10 fois plus de mercure qu’aujourd’hui. L’Atlas du charbon fait également état de graves violations des droits humains. Le rapport indique que les mesures de sécurité et les conditions de travail de l’extraction du charbon dans les mines à ciel ouvert sont inacceptables. Par ailleurs, des milliers de personnes sont chassés de leur maison. Ils perdent leurs terres, leurs terrains de chasse.

Dans de nombreux cas, explique l’étude, l’eau des mines est pompée jusqu’à la surface et est utilisée sans avoir été traitée. Les sels dissous provenant de l’intérieur de la terre peuvent rendre l’eau inutilisable. Cette dernière peut aussi être polluée par les huiles des machines. L’Atlas du charbon prend le Bangladesh comme exemple. Là-bas, le projet de mine de charbon de Phulbari au nord-ouest du pays menace de déplacer 130 000 personnes et 220 000 personnes craignent de perdre leur accès à l’eau potable, écrivent les auteurs.