Finis le chèque et les espèces : Bercy veut booster le paiement sans contact et par carte bancaire

, par Michel DECAYEUX

le 03 juin 2015 AFP

Les Français ont en moyenne 42 euros en poche, mais peut-être plus pour longtemps

Les Français pourront bientôt acheter leur baguette avec une carte bancaire, ou un Smartphone équipé de la technologie NFC (communication dans un champ proche) : le ministère des Finances a lancé le 2 juin les "Assises des moyens de paiement", qui visent à booster l’utilisation de la carte bancaire et du sans contact pour tous les achats, même sur de petits montants (le virement sera lui favorisé pour les sommes plus importantes). Le coût de la transaction par carte sera divisé par deux pour les commerçants et les nouveaux terminaux devront être équipés de la fonction IP (télécommunication par Internet) d’ici 2020, .

Visiblement, le sujet tient à coeur à Bercy, qui organisait ce matin les premières "Assises des moyens de paiement", pour faire basculer au plus vite tous les paiements, du plus petit achat au plus gros chèque de banque pour acheter une maison ou une voiture, à un paiement par carte bancaire, virement ou autre moyen de paiement sans contact. Michel Sapin, ministre des Finances et des comptes publics, y tient. "Il faut une acceptation plus large de la carte bancaire par les petits commerçants, lever les obstacles, en baissant les frais liés à la transaction,qui vont être divisés par deux. La part fixe sera supprimée et les banques devront transmettre chaque mois aux commerçants le montant des frais facturés". Même pour les petits achats de moins de 10 €, le ministre veut soutenir le paiement par carte. Et en finir avec la monnaie, les espèces ou les chèques Commerçants sollicités Les commerçants pourraient bien être obligés de suivre le mouvement. Déjà, les terminaux de paiement qui seront installés à partir du 1er janvier 2016 devront obligatoirement être équipés de la fonction IP - télécommunication par internet - pour réduire le coût d’utilisation des appareils. Ceux qui n’auraient pas d’accès internet devront passer par les opérateurs télécom. A partir de quoi tous les moyens de paiement "en ligne" pourront s’opérer, soit via des cartes prépayées, soit par carte bancaire, mais aussi par virement immédiat (l’envoi de la facture sur mobile et confirmation via la banque par sms). Sécurité des paiements Les établissements publics, les hôpitaux, les cantines scolaires, sont appelées à jouer un rôle de premier plan dans le basculement au paiement en ligne, par carte ou virement. Le rôle de l’Observatoire de la sécurité des cartes bancaires va s’élargir à celle des chèques et des virements et prélèvements. La peur de la fraude - 500 millions par an - reste importante. Et la sécurité des paiements et la protection des données personnelles seront les éléments majeurs du basculement au paiement en ligne. Principales mesures • D’ici la fin de l’année, la commission interbancaire de paiement sera abaissée et passera en moyenne de 0,28% à 0,23% de la valeur de transaction. • Pour faciliter le paiement des petits montants, la partie fixe de cette commission sera supprimée. En outre, à partir du 1er janvier 2016, les nouveaux terminaux de paiement électroniques installés devront être obligatoirement équipés d’une fonction IP, qui permet de payer moins cher en passant par internet. • De leur côté, les banques s’engagent à développer des offres utilisant la technologie IP et à rendre leur offre tarifaire aux commerçants plus transparente. • Pour faciliter l’acceptation de la carte bancaire par les professions libérales (médecins notamment), le ministère annonce que les entreprises individuelles adhérant à un organisme de gestion agréé (1,1 million aujourd’hui, dont une majorité de professionnels libéraux) devront accepter le chèque ou un moyen de paiement électronique courant 2016. • D’ici le 1er janvier 2016, les nouveaux terminaux de paiement seront tous équipés de la fonction sans contact et d’ici 2020 au plus tard, l’ensemble du parc devra être équipé du "sans contact." • Toujours côté sécurité, les dispositifs d’identification pour les achats en ligne (type SMS pour finaliser le paiement) devraient être généralisés progressivement. Carte plébiscitée Selon un sondage* CSA commandé par le ministère des Finances, plus de sept personnes sur dix (71%) désignent la carte bancaire comme leur moyen de paiement préféré, loin devant l’argent liquide (15%) ou le chèque (9%).

Liquide et chèque appréciés En revanche, en affinant le moyen de paiement en fonction du montant à régler, les personnes interrogées marquent une préférence pour le liquide quand les sommes sont inférieures à 10 euros (pour 84% d’entre eux). Quant au chèque, il reste en deuxième position après la carte pour les sommes de 50 à 100 euros.

Smartphone et sans contact boudés Par ailleurs, près de sept personnes sur dix (69%), parmi celles qui n’utilisent pas le paiement sans contact, ne souhaitent pas s’équiper de ce moyen de paiement, une proportion encore plus élevée (82%) pour les applications qui permettent de payer avec un smartphone. Pour la très large majorité des personnes interrogées, paiement sans contact et paiement via un smartphone exposent davantage au risque de fraude ou de piratage. Le paiement par téléphone paraît en outre techniquement complexe aux trois quarts des sondés. Mais Paris semble vouloir suivre l’exemple du Danemark, où le gouvernement a notamment proposé début mai de lever pour certains commerces l’obligation d’accepter des paiements en liquide.