LONGUEIL SAINTE MARIE : L’usine BIC produit 3,5 millions de rasoir jetable chaque jour.

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien le 18.6.2014

IL EST JETABLE ; orange et n’a qu’une lame : c’est le rasoir Bic. Utilisé partout dans le monde, un tiers de .sa production est réalisé dans l’Oise, à Longueuil-Sainte-Marie, près de Compiègne. C’est en 1973 que Marcel Bich installe son usine dans une ancienne féculerie de pomme de terre pour y fabriquer rasoirs et briquets. En 1975, seul le rasoir y est produit. Aujourd’hui, deux cents personnes y travaillent et confectionnent de A à Z différents types de rasoirs, de la lame au manche en passant par le packaging

Depuis 1973, les modèles s’adaptent à la mode

« Nous fabriquons tout• ici. Cela nous permet de maîtriser la qualité de nos rasoirs, notre savoir-faire, notre technique et nos petits secrets de fabrication. Il est ainsi plus aisé.-de répondre à des demandes .spécifiques, confie Anne Léger, la directrice de l’usine. En Afrique, par exemple, les gens ont peu d’argent et le rasoir se vend à l’unité, il nous faut donc : adapter l’emballage.

Au Pakistan, selon certaines coutumes, les hommes se rasent le torse, il faut donc un rasoir adapté. » Dans les 20 000 m2 d’entrepôt, les machines, conçues pour la plupart en interne, tournent sans interruption dans un brouhaha. « Nous sommes la seule usine de rasoirs Bic en France, les autres sont basées en Grèce, au Brésil et prochainement au Mexique. Ici, nous- produisons à l’année plusieurs centaines de millions de rasoirs. » Tout est calibré, millimétré car ce produit d’hygiène quotidienne ne supporte aucune imprécision. Ainsi, à chaque étape de la production, un contrôle en ligne est réalisé par un ordinateur. Si la machine détecte le moindre défaut, elle s’arrête automatiquement. Toutes les vérifications sont ensuite effectuées à la main, sous le regard expert d’ouvriers qualifiés.

« Certes ’le produit est simple, mais le process est complexe pour en arriver là », assure Laurent Carrez, responsable de production. L’acier est chauffé à 1100 °C puis affûté avec une précision chirurgicale. Le fil de la lame est alors 3 000 fois plus fin qu’un cheveu. La lame est ensuite recouverte d’un polymère qui assure un film protecteur ce qui permet une meilleure glisse. Ainsi, depuis quarante et un ans, le rasoir Bic, n’a jamais eu à se départir de son succès et évolue avec son époque tout en s’adaptant à la mode du moment. Le petit rasoir orange existe toujours mais a été rejoint par des rasoirs féminins, à bande lubrifiante, aux’ couleurs fluo pour l’été, à lames rechargeables. Numéro 2 mondial du rasoir, Bic doit composer avec la concurrence acharnée-de l’américain Gilette, ce qui ne l’empêche pas de vendre chaque jour lO millions de rasoirs. A Longueuil Sainte-Marie ; 10 % de la production restent en France, et 90 % partent a l’exportation, principalement aux ! Etats- Unis, en Europe, en Asie, en Afrique, en Océanie ou en Amérique latine

L’USINE BIC de Longueuil Sainte ¬Marie ne fabrique pas que des rasoirs. Elle renferme également en son site le service contrôle qualité international. Tous les nouveaux produits passent obligatoirement entre les mains de Martine Lefèvre qui scrute le moindre défaut. « Les usines d’Athènes en Grèce ou de Manaus au Brésil envoient des échantillons. Je vérifie le visuel, le dimensionnel, le packaging et, si tout est conforme, je valide. J’envoie ensuite des rapports en langue anglaise et il m’arrive aussi de former du personnel sur d’autres sites. »