Oise : 526 Conti devant les prud’hommes

, par Michel DECAYEUX

le 18.10.2011 le Parisien

Pour le conseil de prud’hommes de Compiègne, l’audience d’aujourd’hui est exceptionnelle. 526 salariés de l’usine Continental de Clairoix licenciés en 2009 sont en effet convoqués simultanément pour régler le litige qui les oppose au groupe allemand de pneumatiques. Un séisme pour un tribunal qui reçoit en moyenne… 450 dossiers par an !

« Nous avons dû demander à la mairie de Compiègne qu’elle nous loue une salle pour accueillir les centaines de personnes convoquées, mais aussi la presse attendue en nombre », explique Patrice Nagle, président du conseil de prud’hommes de la cité impériale.

Les audiences pourraient durer jusqu’à jeudi. « Ça va dépendre des avocats. Chaque dossier doit être étudié de façon individuelle, mais, sur certains points, il peut y avoir des demandes groupées », explique Patrice Nagle.

Les salariés contestent tous le motif économique de leur licenciement, survenu en mars 2009. « Aujourd’hui, le groupe Continental fait d’importants bénéfices. Il embauche à tour de bras dans plusieurs de ses usines, il a augmenté sa production de pneus en Roumanie. On a vraiment le sentiment que la crise de 2009 a servi de prétexte à l’entreprise pour fermer l’usine de Clairoix », estime Pierre Sommé, délégué syndical (FO).

Les avocats de Continental devraient, quant à eux, soumettre aux conseillers chargés de juger le contentieux des documents attestant de la mauvaise santé financière du groupe quand la fermeture de l’usine a été décidée. « Cette année, la situation de Continental n’est effectivement pas moribonde. Le groupe se porte bien. Mais, il y a deux ans, nous étions au creux d’une crise sans précédent depuis 1929, et personne n’était capable de faire des projections. Nous n’avions pas le choix », défend Philippe Bleurvacq, directeur des ressources humaines de Continental.

Les plaignants espèrent toucher, pour licenciement abusif, au moins entre 6 mois et 2 ans de salaire, en fonction de leur ancienneté

Quel que soit le jugement rendu par les conseillers des prud’hommes, les salariés devraient bientôt mener un autre combat, encore plus important, devant la justice. En effet, Continental, qui s’était engagé à reclasser tous ses anciens employés, est pour l’instant très loin du compte. A quelques semaines de la fin du congé mobilité, qui se termine le 31 décembre, des centaines de salariés attendent toujours de retrouver un emploi. Sur les 1113 Conti licenciés, plus de 500 n’ont pas la moindre solution et moins de 200 ont signé un CDI.