Retraite : la durée de cotisation va augmenter plus vite que prévu

, par Michel DECAYEUX

les échos le 4 juillet 2011

La durée de cotisation des assurés nés en 1955, fixée au regard des gains d’espérance de vie, devrait passer à 41 ans et demi, un trimestre de plus que la génération 1954.

C’est un principe fixé par la loi : chaque assuré doit savoir, au plus tard l’année de ses 56 ans, combien de trimestres il doit cotiser s’il veut bénéficier d’une retraite à taux plein. Les personnes nées en 1953 et 1954 savent, depuis un décret paru en décembre, qu’elles devront cotiser 165 trimestres, soit 41 ans et trois mois. La génération 1955 sera bientôt fixée sur son sort. Rien n’est encore tranché, mais il est pratiquement certain qu’elle devra cotiser 166 trimestres, c’est-à-dire 41 ans et demi. Un décret devrait le préciser prochainement, une fois recueilli l’avis du Conseil d’orientation des retraites (COR).

Le Conseil se réunit mercredi pour étudier la question. La loi stipule que le rapport entre la durée d’assurance et la durée moyenne de la retraite doit rester stable. Autrement dit, les gains d’espérance de vie doivent se répartir entre un allongement de la vie professionnelle - pour les deux tiers environ -et de la durée de la retraite - le tiers restant. Les dernières statistiques de l’Insee donnent une espérance de vie à 60 ans de 24,4 ans, presque un an de plus que la valeur précédente. Résultat du calcul : la génération 1955 devra travailler 166 trimestres, un de plus que la précédente.

Cette augmentation est plus précoce que prévu. Même si rien n’était gravé dans le marbre, les précédentes prévisions de l’Insee laissaient penser que le passage à 41 ans et demi ne se ferait que pour la génération née en 1958 (autour de 2020). Ce passage à 166 trimestres devrait faire l’objet de vifs échanges au COR mercredi, car la génération 1955 est également concernée par le relèvement de l’âge légal prévu par la réforme de 2010. Quelle que soit leur durée de cotisation, ces assurés ne pourront pas liquider leurs droits à la retraite avant d’avoir atteint 61 ans et huit mois, c’est-à-dire au plus tôt en 2016 ou 2017.

« C’est la double peine, il n’est pas normal que l’on continue à raisonner sur l’espérance de vie à 60 ans alors que l’âge effectif du départ a déjà dépassé 61 ans. » « Il n’est pas question pour nous d’approuver un avis qui entérinerait la hausse de la durée de cotisation que nous avons toujours combattue », explique Philippe Pihet (FO)