Pont Sainte Maxence : Un moral d’acier dans le plomb

, par Michel DECAYEUX

Le courrier Picard le 6 juin 2011

APSM, une fonderie de Pont-Sainte-Maxence, a beaucoup fait pour améliorer les conditions de travail de ses salariés. Elle participe à la Semaine pour la qualité de vie au travail.

Dans les batteries de voiture, les câbles, certaines canalisations, et même sur la toiture de célèbres monuments historiques, comme le château de Versailles ou la basilique de Lourdes.

Chez APSM, Affinerie de Pont-Sainte-Maxence, on connaît le plomb sous toutes ses formes. Chaque année, cette entreprise de 60 salariés, implantée le long de l’Oise, récupère jusqu’à 60000 tonnes du lourd métal, qu’elle recycle en lingots prêts à une nouvelle utilisation.

Depuis la suppression des odeurs sulfurées, rien ne laisse plus paraître de l’activité d’APSM. Le métier, lui, reste pourtant difficile...

En plus des risques d’intoxication au plomb et d’inhalation de poussières irritantes, le premier ennemi du fondeur c’est la chaleur des fours. « La température dans les ateliers peut monter à 40 degrés, voire 45 », reconnaît Michel Lhomme, directeur. « Et il faut être très vigilant aux risques d’éclaboussures de métal bouillant. »

Rien d’étonnant, un tel travail n’attire guère les jeunes. Avec une moyenne d’âge de 46 ans pour ses salariés, la société se trouve même confrontée à un problème de vieillissement qui pourrait compromettre son avenir.

APSM concourt pourtant cette semaine pour les trophées de la Qualité de vie au travail en Picardie, dont la huitième édition nationale se déroule jusqu’au 10 juin.

Soumise à la réglementation pour les entreprises exposant ses employés aux CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques), la société a dû consentir de lourds investissements pour améliorer ses conditions de travail.

« Chaque jour, tous les salariés reçoivent un bleu, un tee-shirt et des chaussettes propres sortant de chez le blanchisseur », souligne Michel Lhomme. Coût pour l’entreprise, 70000 € par an.

Les salariés en contact avec les trois fours géants de l’entreprise sont encore équipés d’un indispensable masque ventilé, dont l’entretien coûte également 70000 € par an à la société. Et chaque trimestre, c’est tout le personnel qui est soumis à un dépistage de la plombémie (plomb dans le sang).

Le concours des élèves de l’UTC Il y a peu, APSM a encore signé un partenariat avec l’UTC de Compiègne afin que ses élèves ingénieurs lui fournissent un nouveau plan d’amélioration, qui lui permettra peut-être de renouveler plus facilement ses effectifs dans les années à venir.

Nouveaux charriots-élévateurs, nouveaux sièges de travail plus confortables, éclairages et marquages au sol plus performants, construction d’un nouveau hangar : la direction s’est engagée devant les salariés à investir 220000 € dans les 2 ans. « Quand vous avez un très haut niveau d’exigence professionnel, les gens doivent se sentir à l’aise et heureux dans leur travail », résume Michel Lhomme.

« Les conditions de travail ont beaucoup changé », confirme Hassine Arfaoui, agent de maîtrise et secrétaire du comité d’entreprise CGT, salarié d’APSM depuis1972. « Au début, les masques étaient en papier... La direction ne disait jamais rien sur les dangers du plomb. Maintenant il y a beaucoup de capteurs, des systèmes pour retenir la poussière, la plombémie a disparu. Mais il faut souvent répéter pour obtenir quelque chose. »