Les salariés d’Alcan prêts à se battre

, par Michel DECAYEUX

Le courrier Picard Mercredi 09 Mars 2011

Hier, la tenue du comité central d’entreprise, à Troyes, n’a rien donné. Les syndicats réunissent les salariés aujourd’hui pour faire le bilan et décider des actions à mener.

Nouvelle journée morte, hier à Alcan-Softal à Ham (Somme). Les 207 salariés de l’usine spécialisée dans l’aluminium ont débrayé toute la journée, alors qu’un comité central d’entreprise se tenait à Troyes. Des syndicalistes hamois ont assisté à la réunion pour comprendre les raisons de la restructuration économique annoncée le 22 février, qui prévoit la suppression de 100 postes et la délocalisation de 27 salariés vers Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or) et Saint-Florentin (Yonne).

En attendant des nouvelles de leurs représentants syndicaux, les salariés ont tué le temps comme ils ont pu. Parties de belote, de poker ou de pétanque ont été organisées dans l’enceinte de l’entreprise. Le midi, un barbecue a réuni les salariés, devant les grilles. Si la bonne humeur restait de mise, l’inquiétude se lisait dans les yeux de certains. Le reclassement des licenciés (ceux-ci n’ont pas encore été nommés) était de toutes les conversations. Optimisme pour les jeunes, pessimisme pour les anciens. Aurélien, 26 ans, veut croire qu’il retrouvera du travail, si possible à côté de chez lui. Jean-Paul en revanche, 34 ans d’usine, est défaitiste : « Pour nous les anciens, c’est cuit. » Sous son béret noir, ce père de famille est catégorique : « La délocalisation, c’est hors de question, j’ai toute ma vie ici, moi. »

À 19 heures, Grégory Lefèvre, porte-parole de l’intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFDT) faisait un bilan rapide de la réunion : « Ça n’a pas beaucoup avancé. On a juste reculé d’une semaine. Un autre CCE est prévu mercredi 16, à Ham ou Saint-Florentin. La direction nous le dira demain (aujourd’hui). » Une nouvelle journée morte est donc à prévoir. L’intersyndicale réunit les salariés aujourd’hui à 14 heures pour faire le point et décider des suites à donner au mouvement. D’ores et déjà, certains salariés se disent « prêts à se battre pour défendre leurs intérêts ». Comment ? Cela reste un mystère, mais l’un d’eux assure que des pistes sont évoquées et que les collègues sont « tous solidaires ». D’ici là, les ouvriers reprendront le travail, mais seulement à 50% de la production, pour manifester leur mécontentement.