CLAIROIXContinental : repreneur ou « chasseur de primes » ?

, par Michel DECAYEUX

21.12.2010 Le Parisien

Le possible repreneur du site de Continental n’est pas jugé assez sérieux par l’Agglo et la région qui ne veulent pas prendre de risque en investissant sur un projet qu’elles n’estiment pas solide

Sur le papier, le projet Cyclades de reprise du site Continental Clairoix a de quoi séduire. Recycler les pneus usagés en s’appuyant sur le soutien technique des machines de l’industriel allemand et sur le savoir-faire des Conti semble une solution à la revitalisation du site. D’autant que le repreneur annonce entre 400 et 700 créations de postes.

Mais les collectivités craignent que ce miracle se transforme en mirage. « On se méfie des chasseurs de fonds publics, des chasseurs de primes », insiste Philippe Marini, président de l’Agglomération de la région de Compiègne, l’ARC. « Si la démarche de rechapage de pneus est intéressante, cela suppose un financement que le porteur du projet n’a pas, mais nous a demandé. »

Son premier adjoint, Robert Ternacle, précise : « Cyclades a des fonds propres limités à 500000 € pour un investissement qui coûterait au bas mot 12 M€ et ils veulent faire cavalier seul, ça ne se passe pas comme ça. » Agglomération comme région restent sur la défensive. « Ce n’est pas notre rôle de prendre des risques et d’avancer un capital si on ne présente aucun partenaire financier ni industriel », explique Jacques Secret, conseiller du président de la région Picardie.

Des réticences partagées par l’Etat. Le préfet qui préside le fonds de revitalisation de Continental leur a préféré la société Webhelp, ce qui retire de leur business plan plus de 5000 € par emploi créé. En clair, il est reproché au porteur de projet Cyclades de ne pas avoir de financeur connu ni d’expérience industrielle dans le recyclage et la manufacture pneumatique pour un projet d’une telle envergure. Et de tendre la main aux collectivités pour décrocher des financements.

Les porteurs du projet Cyclades, Alain Goldspiegel et son bras droit, Frédéric Playoust, réfutent l’accusation de coup financier. « Il a dû y avoir incompréhension », assure Frédéric Playoust. « Peut-être parce que nous restons discrets pour l’instant. Tout ce que je peux dire c’est que nous sommes dans une négociation très sérieuse avec un financeur. Nous travaillons sur cette création d’entreprise depuis sept ans, avec des industriels. On y a investi notre argent et on pense aux Conti. » Les inquiétudes de Philippe Marini ont resurgi à la suite d’un courrier d’Alain Goldspiegel lui indiquant sa volonté de mettre fin à ses recherches de capitaux. « On a seulement dit que si on ne trouvait pas d’investisseur sérieux en décembre ou janvier, on mettrait fin à la démarche. »

Du côté de l’industriel allemand, la prudence est de mise. Ce projet passe d’abord par une création d’entreprise et par le soutien d’institutions financières, dans laquelle il n’est pas partie prenante.

« Nous ne sommes pas en mesure de faire de commentaires sur l’aboutissement de ce projet », indique la direction de Continental dans un communiqué.