La CFDT et Sud-PTT consolident leurs positions à La Poste

, par Michel DECAYEUX

Reuters 02/12/2010

Alors que La Poste est devenue une société anonyme, l’élection des représentants syndicaux du personnel au conseil d’administration du groupe avait valeur de test pour les syndicats Ils étaient près de 275.000 postiers à participer, entre le 8 et 16 novembre, à l’élection des sept représentants du personnel qui siégeront dans le nouveau conseil d’administration du groupe La Poste d’ici le 31 décembre 2010. Un vote important car le visage La Poste a changé. Elle est désormais une société anonyme et la Caisse des dépôts et consignation est entrée dans son capital à hauteur de 26%.

Au regard des précédentes élections qui ont eu lieu en 2005, il faut tout d’abord noter que le taux de participation à baissé de près de six points pour atteindre 71,7 %. Les raisons de ce recul : « Un nombre croissant de salariés connaissent une telle désespérance au travail qu’ils ne croient plus en rien et rejettent même les syndicats. C’est aussi l’échec du vote électronique qui n’a connu qu’un taux de participation de 55 % auprès des 42.000 postiers qui ne pouvaient voter que de cette façon. Il faut dire qu’un certain nombre de ces 42.000 postiers - avant tout des non cadres - ne disposent pas en propre d’un ordinateur au travail » analyse ce syndicaliste.

La hiérarchie syndicale au sein du groupe postal est également modifiée. Si la CGT demeure toujours la première force avec 32,8 % des voix - elle aura trois représentants au conseil d’administration-, elle accuse un recul de 2,3 % par rapport à 2005. Elle perd du terrain aussi bien chez les cadres que, plus inquiétant encore, chez les non cadres.

Sud-PTT confirme quant à lui sa position de challenger avec 21,9 % des votes - il aura deux représentants - et enregistre une petite progression de 0,4 %, poursuivant son ancrage chez les non cadres.

Mais le changement vient incontestablement de la CFDT qui conquiert la troisième marche du podium au détriment de FO. Avec 18% des voix, elle progresse de 1,5% et, surtout, parvient à séduire aussi bien l’électorat des cadres que celui des non cadres.

En revanche, même s’il réussit à limiter les dégâts - certains experts prévoyant un net recul de l’organisation syndicale - FO poursuit son effritement (-1,6%). Tout comme Sud-PTT, la CGT et la CFTC (4,7 % des voix), FO paie auprès de l’électorat des cadres son militantisme pour instaurer un référendum d’initiative populaire sur l’ouverture au privé du capital de La Poste. Mais ce n’est pas tout. Historiquement soutenu par les postiers fonctionnaires, FO doit aussi faire face à une baisse inexorable du nombre des fonctionnaires au sein du groupe postal - La Poste n’en recrutant plus depuis 2001 -.

Quant à la CGC, même si elle n’aura pas de représentants au sein du conseil d’administration de la Poste, avec 6% des voix et une progression de 2,4% par rapport à 2005, le syndicat bénéficie de la mobilisation des cadres. Car c’est bien la mobilisation de l’électorat cadres - avec pour toile de fond sans doute une inquiétude montante de cette catégorie professionnelle - qui a fortement imprimé les résultats de cette élection.

Et cette tendance devrait se confirmer au cours des prochaines élections professionnelles qui auront lieu en octobre 2011, car le poids des cadres ne fait qu’augmenter au sein du groupe postal. Ainsi, entre 2005 et 2010, le nombre de cades votants a progressé de 1000 personnes alors que dans la même période, le collège des non cadres baissait de 32.000 personnes.