Journée de mobilisation ... sous la pluie

, par Michel DECAYEUX

FR3 Nord Picardie 2.09.10 et courrier Picard

Quatorze manifestations étaient prévues aujourd’hui en Picardie, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, pour protester contre la réforme des retraites portée par le gouvernement.

A Friville-Escarbotin capitale du Vimeu industriel (photo de la place Jean-Jaurès), les manifestants étaient 800, selon la police, 1800 selon les syndicats à dix heures ce matin.

Les syndicats annoncaient plus de 4000 participants à Beauvais, quand la police en comptait 1500 seulement.

D’autres rassemblements étaient prévus cet après-midi, notamment à 14h30 à Amiens (4500 selon la police, 10000 selon les manifestants) et à la même heure à Abbeville où les services de police ont compté 1000 manifestants.

S’ajoutent selon la police encore, 2500 personnes pour le rassemblement de Compiègne, et 1500 pour Chantilly.

Querelle de chiffres, immanquablement. Les syndicats s’accordent à dire que la mobilisation ne faiblit pas, la préfecture donne des chiffres à la baisse. Quoi qu’il en soit, il y avait aujourd’hui plus de familles et plus de salariés du privé dans les cortèges.

La mobilisation a légèrement faibli, samedi, entre Maison de la Culture et préfecture. Huit mille personnes selon les organisateurs, 4 500 selon la préfecture, ont battu le pavé pour la retraite à 60 ans.

Le ciel, allié objectif de Nicolas Sarkozy ? De fait, le méchant grain tombé sur les coups de 14 heures n’a pas favorisé la mobilisation, samedi. Avec 8 000 personnes selon les organisateurs et 4 500 selon la préfecture (contre respectivement 10 000 et 5 000 le 23 septembre), la manif des familles n’a pas battu des records.

Sophie, de Longpré-les-Corps Sains, fait partie de ces salariés auxquels les syndicats avaient pensé en programmant un samedi la troisième journée de mobilisation contre le plan gouvernemental de réforme des retraites.

« Je suis dans le privé, c’est très mal vu de faire grève ou de participer à une manif », regrette-t-elle. Elle n’a donc pas défilé les fois précédentes, mais la pluie n’aurait pu la refroidir cette fois. « C’est important de se battre. Nos grands-parents et nos parents ont lutté pour la retraite à soixante ans. On ne peut pas laisser partir tout ça... »

Lycéens dans le cortège

Certes, elle n’a que 31 ans, certes, sa fille n’a que cinq ans et son fils 22 mois, « mais c’est aussi pour eux qu’il faut dire non aujourd’hui. Parce que je ne me fais pas d’illusion : si cette réforme passe, ce sera impossible, ou en tout cas très difficile, de revenir en arrière. Moi, je travaille dans une usine de peinture. C’est pénible, les produits chimiques sont agressifs. Sincèrement, je ne me vois pas faire ça jusqu’à 67 ans... »

Valérie, 44 ans, auxiliaire de vie à Amiens a elle aussi traîné son petit garçon âgé de trois ans à la manif. Tandis que le cortège tarde à partir (le départ sera repoussé de 14 h 30 à 15 heures le temps de rassembler quelques troupes fraîches), elle s’inquiète... des pétards : « Ça fait peur aux enfants ». Elle, sa plus grande frousse, c’est justement l’avenir réservé à son petit : « Nous, on va déjà subir un allongement du temps de travail mais lui, d’ici à ce qu’il y arrive, ce sera quoi ? »

Elsa, 39 ans, était déjà des précédentes démonstrations. La nouveauté, en ce samedi pluvieux, c’est la présence à son côté de son garçon de huit ans. « Je trouve que c’était une bonne idée de permettre aux gens qui ne sont pas là d’habitude, de se faire entendre ». Cette enseignante reconnaît aussi que vis-à-vis de l’opinion publique, « c’est bien de montrer que l’on peut manifester sans faire grève, que l’on est capable de sacrifier, entre guillemets, un samedi après-midi pour une cause qui nous semble juste ».

En tête du cortège, les organisateurs, CGT en tête, estiment que cette journée, certes marquée par une mobilisation en baisse, a atteint son but. « Certains qui sont là d’habitude soufflent un peu aujourd’hui mais le plus important, c’est que l’on croise des visages inconnus, des gens qui ne pourraient jamais manifester en semaine. »

« Tous ensemble », confirment neuf lycéens juste à côté de la banderole inaugurale. Noémie, Claire, Alexandre et les autres résument le cortège : ils étaient là le 23, ou pas, sont venus avec la bénédiction de leurs parents, ou pas, et si on leur fait remarquer que la retraite, pour eux, est encore bien loin, ils ont cette répartie imparable : « Ben justement, raison de plus pour que ça ne s’éloigne pas encore davantage ! »