LASSIGNY (60) Yves Saint-Laurent débraye pour sa prime

, par Michel DECAYEUX

Le Courrier Picard 05 Mars 2010

Les 738 employés de la fabrique multimarques de parfums ont cessé le travail en deux temps, hier, pour dénoncer l’absence de prime de participation. Le groupe L’Oréal annonce une prochaine équité avec ses autres sites.

La majorité des 738 salariés du site Yves Saint-Laurent, propriété de L’Oréal depuis 2008, a respecté un débrayage opéré en deux temps, hier.

Le personnel des équipes du matin et de l’après-midi entendait ainsi protester contre l’absence de prime à la participation, à la veille de négociations devant démarrer le 17 mars. Le précédent accord sur l’intéressement, qui a pris fin au 31 décembre, ne « générait rien pour les employés », affirme la CFDT, l’un des quatre syndicats représentés dans l’usine lachenoise (avec la CGT, majoritaire, la CGC et l’UNSA). « De la frustration en retour de notre savoir-faire »

« Versée à tous les salariés de L’Oréal à l’occasion de ses 100 ans, une prime a été doublée pour ceux d’Yves Saint-Laurent afin de compenser cet état de fait. Mais on est quand même loin du compte : avec l’intéressement, les employés des autres sites, eux, vont toucher entre 6 500 € et 8 500 €, pour les ouvriers de base, au 30 avril », assure Denis Giverdon, délégué CFDT.

La raison présentée aux élus du personnel ? « Le budget du site ne serait pas assez conséquent. Or, nous savons que les produits Yves Saint-Laurent se sont très bien comportés. Nous sommes en principe conviés à un calendrier de négociations, mais ce ne serait que très progressif ». La CFDT y voit un coup au moral supplémentaire, après le récent remaniement de l’organisation du travail au sein de la fabrique picarde de parfums multimarques : « L’outil a été réorganisé dès l’été dernier, depuis l’arrivée de machines rachetées en Espagne. Les salariés se sont donnés, ont apporté un savoir-faire, et ils n’ont que de la frustration en retour ».

Contactée hier via son service de communication, la direction du groupe s’employait à tempérer ces ardeurs : « Les représentants du personnel ont été informés par la direction que des négociations s’ouvriront pour conclure un nouvel accord. L’objectif est d’atteindre rapidement, en fonction des résultats, les mêmes niveaux que l’accord d’intéressement de L’Oréal », oppose-t-elle.

Des débrayages, déjà en 2009 Quant au « mal-être » - dixit la CFDT - engendré par le transfert d’unités de productions ibériques, le siège de L’Oréal voit là, au contraire, une « excellente nouvelle » pour l’usine : « Ce transfert d’activités fait l’objet d’un programme de formations des opérateurs et des techniciens afin de les accompagner. Nous avons toute confiance dans la capacité des salariés à transformer le développement de nos marques et assurer ainsi la pérennité du site ». L’usine lachenoise n’avait plus été frappée par un débrayage depuis janvier 2009. Il s’agissait alors d’obtenir des revalorisations salariales et, à l’époque déjà, une prime d’intéressement.

Plusieurs dizaines de salariés pourraient toutefois ne plus être directement concernés, dans les mois à venir, par ces remous. Le groupe annonce avoir en effet proposé une mutation aux 80 employés à l’œuvre sur la distribution des produits de Lassigny : intégrer la future plateforme logistique de 40 000 m2 de Roye au cours de l’été prochain.