BEAUVAIS : Goessens Trois millions d’euros qui ne soldent rien

, par Michel DECAYEUX

07 Février 2010 Courrier Picard

92 employés de Goossens, imprimeur liquidé en 2006, ont reçu hier un an d’arriéré de salaire, qui pourrait leur être réclamé en cas d’arrêt défavorable de la Cour de cassation.

Ce n’était pas le back office d’une salle de change où des traders venaient toucher des bonus. Mais des ouvriers réunis pour se partager environ 3 millions d’euros. Un an de salaire, de 20 à 50 000 euros pour chacun. Tribut d’une victoire amère : leur licenciement, les tribunaux les avaient jugés « sans effet » par deux fois en 2009, à Beauvais puis en appel à Amiens.

C’était bien trop tard. Goossens, imprimeur sur carton à Allonne, déclaré en cessation de paiement le matin du 25 avril 2006, avait été mis en liquidation dans l’après-midi !

Van Genechten Goossens qui employait alors 1 700 personnes en France et en Europe, fermait la porte en récupérant machines et clients mais en se délestant des salariés.

L’industriel ne lâche pas. Sommé, depuis le premier jugement exécutoire à Beauvais de payer ces trois millions, et trois autres avancés par le fonds de garantie des salaires, le groupe s’est pourvu en cassation le 8 janvier dernier. « On a gagné puisqu’on a les chèques, mais ils sont un peu provisoires » a prévenu Roger Koskas, l’avocat des 92 licenciés. Au cas où la plus haute juridiction parisienne censurerait les deux tribunaux de province...

Les 92 ex-Goossens toucheront au moins les intérêts de leur chèque. Le capital, ce sera plus tard, peut-être... Ce qui est sûr, c’est que les épreuves humaines accumulées ne sont pas soldées par ces chèques.