Yves VEYRIER élu secrétaire général de Force ouvrière

, par Michel DECAYEUX

22/11/2018 AFP

Yves Veyrier, un syndicaliste « ni clone de Mailly, ni clone de Pavageau »

Le suspense aura duré jusqu’au bout. Jeudi 22 novembre, Yves Veyrier, 60 ans, a été élu de justesse à la tête de Force ouvrière avec 45,75 % des voix face à Christian Grolier (43,34 %) et Patrice Clos (10,89 %). Le candidat présenté comme ayant l’appui des « réformistes » devance donc, d’une courte tête, son rival qui avait la préférence des trotskistes – le troisième concurrent en lice étant soutenu par les anarchistes.

Yves Veyrier, , se revendique comme « réformiste militant »..

Cet ingénieur météo de formation affiche de jolis états de service : secrétaire général de la fédération de l’équipement, de l’environnement, des transports et des services, membre du Conseil économique, social et environnemental et de plusieurs instances internationales syndicales. aura la rude tâche de rassembler l’organisation qui a étalé ses divisions ces dernières semaines.

Le nouveau secrétaire général de Force ouvrière a surpris son monde en se risquant à faire de l’humour lors de sa première conférence de presse, aussitôt après son élection, jeudi. La fonction change-t-elle l’homme ? En tout cas, jusqu’à présent, Yves Veyrier avait plutôt la réputation d’un austère qui ne se marre pas. Au sein de la confédération, son caractère ne lui a pas valu que des amis. « Il peut être très dur », confie un permanent. « Il est timide », tempère un militant qui le connaît bien. Le nouveau patron de FO a eu à gérer plusieurs portefeuilles à la direction de la confédération, dont celui de la communication.

Après trente-cinq ans de militantisme, cet ingénieur météorologue de 60 ans qui s’apprêtait à faire un dernier mandat au sein de la direction de FO avant de partir à la retraite va devoir user de diplomatie. Car il lui faut à la fois remettre en ordre de marche une organisation confédérale profondément meurtrie par le management à la hussarde de son prédécesseur Pascal Pavageau et répondre aux demandes de clarification du fonctionnement notamment financier.

Ses distances avec Jean-Claude Mailly Il ne devrait en tout cas pas avoir de problème sur son train de vie. Son moyen de transport favori était jusqu’à présent le métro et côté notes de frais on ne peut pas dire qu’il a plombé les comptes de la centrale, selon les éléments qu’il a donnés dans un courrier aux membres du parlement de FO il y a quelques jours : 3.889 euros remboursés en 2017. Je ne suis « ni le clone de Mailly, ni le clone de Pavageau », a-t-il affirmé ce jeudi. . Il entend donc rester lui-même – et non pas singer ses deux prédécesseurs. Pas plus que Marc Blondel, a-t-il précisé, qu’il a également côtoyé lorsque celui-ci était le patron de FO. S’il a pris de fait ses distances avec Jean-Claude Mailly depuis quelque temps déjà, lui qui à son arrivée au bureau confédéral avait la réputation d’être proche des trotskistes du POI, partage sa revendication d’un « réformisme militant ».

Mais la plus grande inconnue est sans doute le type de relations qu’Yves Veyrier va tisser avec ses homologues patronaux et surtout syndicaux. Jusqu’à il y a peu, il était le représentant de FO dans toutes les instances internationales. A ce titre, il a mené tous les combats de Force ouvrière dans la Confédération européenne des syndicats contre le soutien au traité constitutionnel en 2005, ou encore contre la création de la Confédération syndicale internationale et notamment l’entrée de la CGT dans cette nouvelle organisation.