Hopitaux : grande journée de mobilisation

, par Michel DECAYEUX

8 -9 novembre 2016 Le courrier Picard le bonhomme picard, le Parisien

Sous-effectifs, fermeture de lits, heures supplémentaires non récupérées ou non payées, burn-out… Les personnels soignants des différentes structures de soins (hôpitaux, maisons de retraite…) se sont mis en grève, hier, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Dans l’Oise, différentes actions étaient prévues, à l’appel de différentes organisations syndicales, CGT et FO en tête.

La mobilisation a été faible. 1 Beauvais Un hôpital « malade » comme le décrit David Cotu, secrétaire FO, à l’occasion de la conférence de presse organisée par le syndicat, à la veille de cette journée de mobilisation. « Nous en sommes à 104 000 heures de travail supplémentaires. Soit l’équivalent de 70 postes à temps plein ! » a-t-il révélé, évoquant encore un service des urgences « en grande souffrance. Le personnel fuit l’hôpital de Beauvais. » En cause, le plan de retour à l’équilibre, lancé il y a trois ans. « D’ici fin 2017, 94 lits seront fermés, ainsi que deux salles de bloc opératoire. Alors que, d’un autre côté, on nous demande de faire de l’activité… »

Dans un communiqué, l’intersyndicale FO-CGT-Sud réclame la titularisation des contractuels sur des postes vacants, le remplacement de tous les départs, le paiement ou la récupération des heures supplémentaires, le respect des congés d’été… Éric Guyader, directeur de l’établissement, tempère : « 104 000 heures, c’est un historique sur une dizaine d’années. Elles ont sensiblement baissé les deux dernières années, c’est un de nos objectifs. » Et de rappeler les difficultés de l’exercice : « Cet été, cela a été très compliqué, avec 13 infirmières en congé maternité et les congés annuels. Je ne peux pas recruter n’importe quelle infirmière pour n’importe quel service. »

Sur la fermeture des lits, le directeur met en avant la nécessité d’« adapter la dimension et la capacité de chaque service au regard de l’activité développée ». Éric Guyader poursuit : « Cela va de pair avec l’ouverture de l’hôpital de la ville (ndlr : retour du patient à son domicile et accompagnement par des médecins généralistes, des infirmiers, des aides à domicile). Réduire la durée des séjours, ce n’est pas qu’une question de coût. C’est éviter les infections nosocomiales, limiter la perte d’autonomie… » 2 Compiègne Selon la direction, 171 personnes, sur 2 300, étaient en grève ce mardi (7,4 %).

FO dénonce une surcharge de travail et des rappels sur des temps de repos pour combler le manque de personnel et l’absentéisme. « Il en résulte une ambiance dégradée et une fatigue croissante de tous les personnels », souligne Marc Segré, secrétaire FO du centre hospitalier Compiègne-Noyon. « Cependant, depuis un an, un déficit croissant fait que des décisions sont prises pour éviter que la situation ne se dégrade encore plus, et cela au détriment du personnel, des services, des achats de matériel, avec des répercussions sur la qualité des soins pour les patients. » Brigitte Duval, la directrice, confirme que l’établissement a enregistré un déficit fin 2015. « Nous l’avions anticipé, précise-t-elle. Nous avons mis en place un plan de performance, et par exemple fermé des lits en chirurgie. Avec le développement de l’ambulatoire, beaucoup restaient vacants. » Pendant l’été, des « réorganisations internes » ont eu lieu. « Tout changement entraîne des inquiétudes qui ne favorisent pas la sérénité, mais dans l’ensemble, cela s’est globalement bien passé. » Avec un déficit moindre attendu pour fin 2016, la responsable espère un retour à l’équilibre fin 2018.

L’absentéisme ? « Nous en avions beaucoup, mais nous avons aussi travaillé sur ce sujet, notamment sur les accidents de travail, et cela s’est résorbé, indique Brigitte Duval. En cas d’absence inopinée, nous pouvons être amenés à rappeler du personnel en repos, mais ce n’est pas tous les jours. »

3 Clermont Quant au centre hospitalier interdépartemental (CHI), partagé entre Fitz-James et Clermont, son projet d’établissement (une reconstruction partielle accompagnée de mesures d’économies), en cours d’élaboration, ne tient, pour FO, « pas la route. Si nous l’avons soutenu dans un premier temps, nous y sommes aujourd’hui totalement opposés, rappelle Francis Dufour, secrétaire FO du Groupement départemental des services de santé de l’Oise. Le directeur ne négocie rien. » L’établissement est lui aussi confronté à une diminution de ses effectifs « et à une remise en cause de ses emplois, contractuels comme titulaires et CDI. » Sans compter des fermetures de lits.

« Le projet de reconstruction-réhabilitation que nous portons est notre seule planche de salut, répond Stéphan Martino, directeur. Oui, le CHI ne sera plus, au terme de son projet d’établissement, le plus grand hôpital psychiatrique de France. Nous allons perdre deux secteurs sur les Hauts-de-Seine, donc des emplois. Nous allons également devoir reconstruire des bâtiments, en les réduisant… Dans dix ans, le CHI n’aura plus le même visage. Mais il répondra aux besoins de la psychiatrie dans le département et sera financièrement à l’équilibre. On ne peut pas d’un côté réclamer sa rénovation et sa modernisation, et d’un autre s’opposer aux conséquences qu’elles impliquent. »