Continental devra payer trois fois plus que prévu

, par udfo60

Le Courrier Picard - lundi 08 juin 2009

Pour fermer l’usine de 1120 salariés, l’équipementier devra financer un plan social, estimé à 200 M€, hors coût de dépollution et de revitalisation du site. Après trois mois de mobilisation sans faille, c’est ce que les Conti ont obtenu.

L’équipementier automobile Continental ne traînera pas. Quarante-huit heures après avoir achevé de négocier les conditions de départ des 1 120 salariés de Clairoix, avec ses turbulents partenaires sociaux français, le groupe allemand devrait commencer, dès aujourd’hui, à vider la manufacture, de ses pneus et de ses matières premières. Les moules à pneus devraient suivre, après consultation du comité d’établissement (CE) le 18 juin. Car depuis samedi matin, les 1 120 salariés savent qu’ils ne remettront plus les pieds dans l’usine, dont la production ne reprendra plus. Mais avant d’être licenciés le 31 décembre, les Conti seront, suivant les périodes, dispensés d’activité et rémunérés à 100 % de leur salaire brut, ou au chômage technique et payés à 75 % de leur salaire brut.

« À la limite de la rupture »

C’est la seule mesure que l’État a accepté de financer (pour 20 M€ environ), dans ce plan social de grande envergure. Celui-ci devrait coûter 200 M€ (hors dépollution et revitalisation du site) à l’équipementier, plus du triple de la somme qu’il avait prévue pour liquider le site (57,3 M€, revitalisation incluse), et bien plus que ce que la fermeture de l’usine de Toul a coûté à son concurrent Michelin (130 M€).

Car depuis le 20 mai, l’intersyndicale CFDT - CGT - CGC - FO - CFTC a négocié pied à pied une batterie de mesures exceptionnelles : prime extra-légale de 50 000 euros (dont 10 000 euros versés dès le début du congé de conversion) pour chaque salarié, mutuelle garantie pendant vingt et un mois après les licenciements, congé de conversion d’une durée exceptionnelle de 23 mois et pré-retraite maison pour les plus anciens, payée par le groupe allemand. « Un gars qui a 52 ans aujourd’hui, va partir, à la fin de son congé de conversion avec un chèque de 120 000 € environ », résume-t-on à la CFDT et à la CGC.

Dans la nuit de samedi, il a fallu à l’intersyndicale vingt heures de négociations « sur le fil du rasoir » pour arracher cette ultime mesure au négociateur allemand de Continental qui, à minuit, puis à 4 heures du matin, menaçait de quitter la table, excédé. « On savait que l’État ne voulait pas financer les pré-retraites mais on a insisté et insisté encore, raconte Philippe Biernacki, délégué syndical CFDT. On a été à la limite du point de rupture tout le temps. »

Le financement de ces préretraites maison coûtera près de 2,7 M€ au groupe allemand. Un chiffre à la mesure du symbole Continental, première usine française liquidée, au prétexte de la crise, alors même que ses salariés avaient consenti aux 40 heures pour conserver leur emploi jusqu’en 2012.