Le taux de chômage en légère baisse au 4e trimestre 2013

, par Michel DECAYEUX

le 06.03.2014 AFP :Myeurope

Le taux de chômage en France a baissé de 0,1 point au 4e trimestre 2013, à 9,8% de la population active en métropole (10,2% avec les Dom), a annoncé jeudi l’Institut de la statistique, qui mesure le chômage selon les normes du Bureau international du travail (BIT). En France et en Espagne, on veut croire, chiffres à l’appui, à une baisse du chômage. Une reprise de l’emploi très fragile.

« Le chômage en France a baissé au 4e trimestre 2013, conformément à l’ambition du président de la République de voir le chômage commencer à reculer en fin d’année. C’est la première fois depuis la mi-2011 », a commenté le ministre du Travail Michel Sapin dans un communiqué. « C’est le moment d’accélérer, c’est le moment de mettre le turbo, de faire vivre le pacte que le président de la République a proposé aux forces vives du pays pour que 2014 soit le tournant de la reconquête économique, de la croissance et du recul durable du chômage », salue de son côté le Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur BFMTV.

Le deuxième « thermomètre » du chômage en France, le nombre d’inscrits à Pôle emploi, a lui au contraire continué à grimper fin 2013, contredisant l’engagement présidentiel d’« inverser la courbe du chômage » à la fin de l’année dernière.

Des chiffres différents mais pas contradictoires « Sur l’année, le nombre de chômeurs au sens du BIT est stable (...). Sur la même période, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois inscrits à Pôle emploi classés en catégorie A (sans aucune activité) progresse de 190 000. Ces deux mesures ne sont pas contradictoires, car elles ne recouvrent pas les mêmes situations », souligne de son côté l’Insee dans un communiqué (Lire encadré ci-dessous).

Mesuré grâce à une enquête effectuée chaque trimestre auprès de 110 000 personnes, le taux de chômage est le seul indicateur reconnu au niveau international. Il est souvent préféré par les économistes aux chiffres de Pôle emploi, soumis aux aléas administratifs (inscriptions, radiations, etc.).

L’amélioration mise en évidence par l’Insee concerne notamment les 15-24 ans (-1,1 point sur un trimestre, -2,6 points sur un an). Leur taux de chômage atteint toutefois encore 22,8% au 4e trimestre 2013. Nouveauté importante dans les chiffres publiés jeudi, une révision à la baisse de 0,5 point de tous les taux de chômage, présents et passés, due à une « rénovation » de l’enquête menée auprès des ménages.

Des questionnaires de l’Insee plus pertinents L’Insee a notamment revu la formulation de certaines questions, afin d’améliorer leur compréhension. In fine, avec ce nouveau questionnaire jugé plus pertinent, les résultats font apparaître un taux légèrement inférieur à celui obtenu avec le précédent. L’Institut a donc décidé d’abaisser l’ensemble de ses chiffres, afin de permettre les comparaisons dans le temps, et avec les autres pays.

« Personne n’a mis son nez là-dedans au gouvernement, ni au ministère du Travail, ni à Bercy », affirme-t-on au ministère du Travail à propos de cette nouvelle méthode. Le pic historique, atteint à deux reprises en 1994 et 1997, est ramené à 10,4% en métropole. Et le point bas, atteint début 2008, à 6,8%

Deux courbes pour mesurer l’évolution du chômage

Pour mesurer le chômage, deux indicateurs existent : le nombre des inscrits à Pôle emploi à la fin de chaque mois, qui a continué à augmenter au 4e trimestre 2013, et le taux trimestriel de l’Insee, mesuré sur la base d’une enquête, qui a lui baissé de 0,1 point sur la même période.

Une divergence ponctuelle de ces deux indicateurs est possible car les deux sources statistiques ne mesurent pas le chômage de la même façon. « Ce n’est pas la même approche : Pôle emploi recense les inscrits sur ses listes et l’Insee calcule un taux sur la base d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif, selon des critères harmonisés au niveau international », résume Christine Erhel, chercheuse au Centre d’études sur l’emploi (CEE).

L’institut de la statistique sonde ainsi chaque trimestre 110 000 personnes de plus de 15 ans. Sont considérés comme chômeurs ceux qui réunissent trois critères, fixés par le Bureau international du travail (BIT) : ne pas avoir travaillé au cours de la semaine, chercher activement un emploi et être disponible dans les deux semaines.

Fin 2013, le hiatus entre les deux courbes s’explique notamment par un différentiel chez les plus de 50 ans. Si le nombre des inscrits à Pôle emploi a continué à augmenter fortement dans cette catégorie, l’Insee les estime au contraire moins nombreux. Cela s’explique par le fait que les seniors sondés ont souvent abandonné leurs recherches d’emploi, et ne rentrent ainsi pas dans la catégorie « chômeur », selon les canons du BIT.