Italie : Electrolux veut payer ses salariés italiens au salaire polonais

, par Michel DECAYEUX

29-01.14 Myeurope

Pour diminuer les coûts de ses usines implantées dans la péninsule, le constructeur d’électroménager Electrolux veut réduire les salaires de ses employés de 50%. Une proposition indécente selon les syndicats italiens.

Comme alternative à la fermeture de ses quatre usines implantées en Italie, le constructeur suédois d’électroménager Electrolux, dont le siège social est à Stockholm, propose de remodeler les conditions du contrat de travail de ses 5715 salariés.

De 1400 à 700 euros par mois

Le plan présenté par la direction du groupe aux syndicats italiens prévoit la réduction des salaires de 50%. Soit 3€ de moins à l’heure. Du coup, les rétributions des salariés devraient passer de 1400 à 700 euros par mois. Soit l’équivalent ou presque d’un salaire polonais. La proposition prévoit aussi une diminution de 80% de la prime d’entreprise équivalente à 2700€, le blocus des vacances, une réduction de 50% du temps de pause et des permissions, et pour finir, le gel des avancements d’ancienneté.

La direction promet que l’acceptation de ce plan débouchera sur une série d’investissements ciblés, c’est-à-dire une enveloppe de 80 millions d’euros. Répartie sur trois établissements, elle visera à améliorer les systèmes de production Baisse des bénéfices de près de 30% Selon la direction du groupe suédois, les coûts de production et de gestion du personnel sont trop élevés par rapport à la rentabilité des usines. En octobre dernier, Electrolux avait déjà envisagé de fermer l’établissement de Porcia (Friuli), qui construit des machines à laver. Selon les calculs des économistes du groupe, ces dernières coûtaient 30 euros de trop. En clair, le prix de revient était trop élevé. Le constructeur devant affronter la concurrence aguerrie des fabricants Far Est, Samsung et Lg, des coupes seraient indispensables pour rester les pieds bien ancrés sur le marché.

Implanté dans 25 pays, Electrolux a concentré le gros de sa production dans le nord de l’Italie. Avec la crise qui sévit en Europe, le groupe a enregistré l’an dernier une baisse de ses bénéfices de 29%. Du coup, la direction suédoise a peaufiné un plan de redressement de ses activités, en prévoyant une réduction de 3% de sa masse salariale globale, estimée à quelques 60.000 personnes. Selon les experts financiers du groupe, le taux de rentabilité des usines italiennes est bien en dessous de celui enregistré dans les pays de l’Est.

"Chantage" et "arnaque"

Tandis que les salariés organisent des mouvements de grèves perlées, la direction vient de poser un ultimatum aux syndicats. En l’absence d’un accord d’ici le mois d’avril, nous délocaliserons nos usines en Pologne", ont déclaré les négociateurs d’Electrolux.

Pour s’installer en Italie, les Suédois ont utilisé des fonds italiens. A présent qu’ils veulent délocaliser en Pologne, ils espèrent avoir accès aux fonds européens. C’est une arnaque !", rétorquent de leurs coté les syndicalistes. Les partis politiques sont aussi montés au créneau. C’est du chantage. La proposition d’Electrolux veut transformer les salariés en esclaves. Nous sommes des hommes et pas des chiffres !", a tonné Matteo Salvini, le secrétaire de la Ligue du Nord sur sa page Facebook. Du côté du gouvernement, le ministre du Développement économique élargit le discours. "Il faut réduire le coût de la production en Italie et celui de l’emploi" a déclaré Flavio Zanonato, touchant ainsi à deux points centraux du fameux Job act, le plan pour la relance de l’emploi en Italie du nouveau patron du parti démocrate, Matteo Renzi.