Emploi : le faux temps « libre » du temps partiel

, par Michel DECAYEUX

le 25.11.2013 Le Parisien

Un salarié sur cinq travaille à temps partiel en France. Cette proportion a doublé en quarante ans, selon un rapport présenté ce lundi au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Sans surprise, plus de 80% des travailleurs à temps partiel sont des femmes. Une part d’entre elles le choisissent, mais de plus en plus le subissent. Et contrairement aux a priori, il est souvent difficile d’apprécier son temps « libre » pour ce type de salariés.

Ce type de contrat a explosé depuis les années 1970, avec une nette accélération dans les années 1980 et plus encore 1990. Si certains y voient la possibilité, notamment pour les mères, de concilier le travail et la gestion du foyer, les faits sont un peu plus complexes. Selon l’auteure du rapport, la chercheuse à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) Françoise Milewski, les temps partiels compliquent finalement le partage des deux temps : « Lorsque les horaires sont atypiques, que l’amplitude est étendue par de multiples coupures, que l’organisation du temps est fluctuante et sans prévisibilité, les conditions de travail sont dégradées. » En conséquences, le temps « libre », généralement consacré à la gestion du foyer, est tout aussi disloqué et imprévisible.

Synonyme de précarité De même, temps partiel rime avec précarité : hommes ou femmes, ces salariés sont généralement peu diplômés. Ils travaillent majoritairement dans le commerce, l’hôtellerie, la restauration ou les services à la personne. Le temps partiel a en effet augmenté en même temps que l’explosion du secteur tertiaire et la généralisation des CDD. De fait, leur salaire est moins élevé, proportionnellement à ceux qui ont des temps pleins. On peut donc supposer que le temps « libre » est plus angoissant avec un pouvoir d’achat plus bas.

Le rapport dénonce par ailleurs les politiques publiques successives et contradictoires ces dernières années. Il juge que l’encadrement du temps partiel doit donc être une priorité, son évolution étant le reflet des inégalités entre les hommes et les femmes.