Les entreprises françaises de taille moyenne font de la résistance

, par Michel DECAYEUX

le 19-11-2013 Challenge

Quelques raisons d’espérer dans ce monde où les plans sociaux s’enchaînent: : le Mittelstand français existe. Et il se porte même plutôt bien. C’est la conclusion -pour le moins iconoclaste- d’une étude publiée ce matin par GE capital sur le rôle vital des entreprises de taille moyenne (Les "ETM" sont les sociétés réalisant entre 10 millions et 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel) dans l’économie de l’Hexagone

"Il y a de bonnes raisons d’être optimiste, insiste Nicolas Glady, professeur à l’Essec Business School et l’un des auteurs de l’étude. Malgré un environnement morose, les ETM françaises montrent une bonne résilience à la crise, tant en termes d’activité que d’emplois et de projets d’avenir

Des entreprises qui résistent mieux à la crise que les grands groupes

L’étude, qui s’est aussi penchée sur cette catégorie d’entreprises en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, égrène les forces des ETM françaises qui, si elles représentaient en 2012 moins de 1,3% du nombre total d’entreprises, contribuaient pour plus d’un quart au PIB national. Leur chiffre d’affaires moyen a continué à croître, quasiment au même rythme que celui des grandes entreprises (+1,9 %) et bien plus que celui des petites (+0,3 % en moyenne). Ces entreprises, surtout, affichent une meilleure résilience en termes d’emplois – en hausse de 0,6% quand il baisse de 0,4% dans les grands groupes – et d’ancrage régional. "Leur portefeuille d’investissements est souvent plus équilibré géographiquement - entre l’international, le national et le régional- , au regard des grandes entreprises qui privilégient souvent les investissements à l’étranger, ajoute Nicolas Glady. Cela contribue à créer, comme en Allemagne, des sociétés à fort ancrage local, capables d’exporter." Et d’innover : ainsi sur les 83% ETM qui prévoient de maintenir, voire d’augmenter, leurs investissements, la plupart concentrent leurs efforts sur la R&D. En 2012, ces ETM détenaient d’ailleurs 35 % des brevets en France.

En France, 11% d’entre elles affichent une croissance à 2 chiffres

Alors, la crise…même pas mal ? Pas aussi simple. D’abord l’étude de GE Capital a été réalisée entre mars et avril de cette année. Depuis, la confiance globale des entreprises, petites ou grandes, s’est détériorée. Ensuite, le Mittelstand français peine encore à émerger sur la scène internationale.

Ainsi, selon l’étude, lorsqu’il s’agit de dénombrer les "champions de la croissance" (des entreprises qui affichent une hausse à deux chiffres de leur chiffre d’affaires sur l’année), les ETM françaises (11%) restent à la traîne, derrière le Royaume-Uni (17%), et l’Allemagne et l’Italie, ex-aequo (13%). Mais elles comptent en revanche le plus "d’entreprises en croissance" (une progression des ventes compris entre 5% et 9%) – devant l’Allemagne.

Une nouvelle mission pour Arnaud Montebourg ?

L’étude parle alors de "champions en devenir" -20% des ETM. "Elles ont l’ambition des grands groupes, mais restent coincées dans certaines problématiques des PME, comme celui de dénicher des financements, à court terme comme à long terme, surtout pour les entreprises familiales spontanément peu tournées vers les financements extérieurs, analyse Nicolas Glady. Ou encore la problématique du recrutement : moins visible qu’en Allemagne, elles ont du mal à faire venir ou à fidéliser les talents." Et l’auteur de l’enquête de réclamer dans la foulée un effort collectif pour améliorer l’image de marque des ETM françaises "auprès de l’Etat, des banques et de l’opinion publique." Une nouvelle mission pour Arnaud Montebourg ? Pas de doute : GE Capital - filiale du mastodonte américain, en plein recentrage sur l’industrie, mais doté de vraies ambitions sur la clientèle entreprise pour sa filiale financière – apprécierait…