Les tensions s’avivent au sein de la "troïka"

, par Michel DECAYEUX

(FMI, Banque mondiale, Banque européenne)

Le Monde | 21.05.2013

Il y a d’abord ce curieux nom de "troïka" dont on a affublé le trio formé par le Fonds monétaire international (FMI), la Commission de Bruxelles et la Banque centrale européenne (BCE). Un mot russe qui, selon Emmanuel Todd, essayiste à tendance eurosceptique, traduit à lui seul le malaise européen.

Après des débuts difficiles, la "troïka", née au début de 2010 pour orchestrer le plan de sauvetage de la Grèce, peine toujours à s’entendre. Loin de s’apaiser, les tensions vont crescendo. Tout comme les critiques, issues de pays européens ou émergents, de citoyens ou de dirigeants.

Jeudi 16 mai, lors d’un forum européen à Berlin, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances - proche de Christine Lagarde, la présidente du Fonds monétaire international -, a beaucoup critiqué le travail de la Commission. La fragmentation des responsabilités à Bruxelles aurait été, selon lui, source de lourdeurs et de blocages dans le dossier grec.

EXASPERATION VIS-À-VIS DE BRUXELLES

Une façon peut-être pour le responsable politique de contrer la montée du sentiment anti-allemand, mais aussi de désigner le coupable de l’échec d’un sauvetage qui, trois ans après son démarrage, laisse Athènes exsangue et toujours perclus de dettes. Quel qu’en soit l’objectif, la remarque de M. Schäuble fait écho à l’exaspération toujours plus grande du FMI vis-à-vis de Bruxelles. "Le FMI en a un peu assez, il trouve qu’avec l’Europe c’est toujours too little, too late ", résumait un représentant du FMI.