Pas de miracle pour les 182 salariés du groupe belge

, par Michel DECAYEUX

le 14.02.2013 le parisien

La réunion d’hier chez Juy SA et chez Still n’a rien donné. Le PDG des sites attend un improbable geste de l’américain Caterpillar.

Guido Dumarey, PDG du groupe belge Punch Metals International (PMI), était hier sur les sites de l’usine Juy à Crépy-en-Valois et de l’usine des ex-Still à Montataire. Il devait présenter un plan de sortie de crise aux salariés de ces deux entreprises rachetées en 2012 par son groupe. En janvier pour Juy SA, en juillet en ce qui concerne Still

Ce plan repose sur un pari très risqué : l’acceptation par l’américain Caterpillar d’acheter dorénavant à PMI sa production 60% plus chère. Si le géant américain — principal client de PMI — accepte, le groupe belge pourra mettre en œuvre les autres mesures de son plan. Entre autres déménager les salariés de Juy à Montataire, avec deux journées de chômage partiel par semaine jusqu’en septembre 201 3. Puis une seule journée jusqu’à fin 2014. Enfin, si à cette date l’usine semble remonter la pente, le groupe réinjecterait 1 M€.

Un plan de redressement qui laisse les salariés perplexes

Pour les syndicalistes comme pour les salariés, « ce plan n’est pas crédible ». « Lorsque Punch nous a rachetés, il en a profité pour augmenter les prix de Caterpillar de 10%. Déjà à l’époque, ils avaient grincé des dents. Alors, avec 60%, on peut se poser des questions ? » s’interroge un ouvrier de Juy. « On pense tous qu’il veut se débarrasser de nous, alors qu’il s’était engagé à maintenir les 117 emplois sur place à Crépy », confie un autre ouvrier. Un constat d’autant plus amer que PMI vient de racheter General Motors à Strasbourg avec ses 1000 salariés. Sans parler des visées de PMI sur Electrolux, à Revin dans les Ardennes. D’autres questions restent aussi en suspens, notamment sur les conditions du transfert des salariés de Juy vers Montataire, deux sites éloignés l’un de l’autre de 40 km. Autre interrogation : Punch Metals avait promis la reprise d’au moins 115 ex-Still sur le site de Montataire au cours de l’année 2013. Avec l’arrivée des Juy, cette promesse semble difficile à tenir. « Les sorts de nos deux usines sont désormais entièrement liés, alors qu’à l’origine on n’avait rien à voir », constate les ex-Still avec consternation. Les représentants européens de Caterpillar, la direction de PMI et le préfet de l’Oise se sont rencontrés hier soir à Beauvais.

Le préfet en a profité pour rappeler au PDG de PMI ses engagements passés. Mais, lâche un salarié de Juy un brin désabusé, « la décision viendra directement des Etats-Unis, où se trouve le siège de Caterpillar. Nous serons probablement fixés dimanche ou lundi ». Jusque-là, le sort des salariés est suspendu. « Si la situation reste bloquée, on se dirige vers un redressement ou une liquidation pour les deux sites », constatent les syndicats. En attendant, une période de chômage économique a été imposée aux 117 employés de Juy. Quant aux ex-Still, ils viennent encore à l’usine le matin, mais ils ne travaillent pas de la journée.