Le rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) mardi 22 mai ne laisse pas présager d’amélioration avant 2016. "La crise du chômage des jeunes peut être vaincue, à condition toutefois que la création d’emplois pour les jeunes devienne une priorité essentielle du processus politique et que les investissements dans le secteur privé s’accélèrent radicalement", a mis en garde le directeur exécutif de l’OIT pour l’emploi, José Manuel Salazar-Xirinachs, au vu des derniers chiffres pour le moins inquiétants.

Un jeune Européen sur cinq cherche du travail et les chiffres du chômage risquent de ne pas s’améliorer avant 2016, dans la mesure où les décideurs politiques ne prennent pas suffisamment de mesures pour renverser la tendance, ont affirmé des organisations de jeunesse européennes.

Selon les derniers chiffres publiés par l’Organisation internationale du travail (OIT), le chômage des jeunes dans l’UE et les autres pays développés a augmenté de 26,5 % de 2008 à 2011, la plus grande augmentation enregistrée dans le monde par l’OIT.

La plus grande part de cette augmentation s’est produite en 2008 et 2009. Elle a résulté en des taux historiquement élevés dans plusieurs économies développées, a indiqué l’organisation. Elle a souligné qu’en comparaison, le chômage chez les jeunes avait diminué de 12 % entre 1998 et 2008. Ces données apportent de l’eau au moulin de certains économistes et décideurs politiques, comme le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, qui affirment que les jeunes d’aujourd’hui dans l’UE vivront pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale des temps plus difficiles que leurs parents.

Le rapport indique que les économies développées et l’Union européenne ont été les plus durement touchées par la crise économique et ses retombées. Dans le même temps, peu de mesures efficaces ont été prises pour contrer l’impact de cette crise. Les 18 % de chômage prévus pour 2012 reflètent en partie la faiblesse de la relance dans de nombreux pays de la région. Hier (21 mai), la Commission européenne a lancé une initiative pour aider les jeunes à accéder au marché du travail. Ce projet pilote, intitulé « Ton premier emploi EURES », vise à aider les jeunes à trouver un emploi dans un autre pays de l’UE et fait partie du paquet Emploi, la proposition de l’exécutif européen pour relancer l’emploi au sein de l’Union. Le Forum européen de la Jeunesse, une plateforme rassemblant les conseils nationaux de la jeunesse et des organisations non gouvernementales en Europe, affirme cependant que ces actions devraient avoir une portée plus générale.

« Ces taux de chômage sans précédent chez les jeunes requièrent des politiques qui ne viseraient pas uniquement les jeunes diplômés, mais bien tous les jeunes NEET », a expliqué le président du Forum européen de la Jeunesse, Peter Matjašič, lors d’un entretien accordé à EurActiv. L’acronyme NEET signifie « ne travaillant pas, ne suivant pas d’études ou de formation ». M. Matjašič a affirmé que le paquet Emploi prenait en compte la mise en oeuvre de l’Initiative sur les perspectives d’emploi des jeunes, mais qu’il ne donnait que peu de résultats pour l’instant.

« Il consiste plutôt à présenter les initiatives existantes et à répéter des efforts déjà consentis. La Commission européenne [...] ne constate aucun engagement sérieux de la part des Etats membres s’agissant de lutter contre la crise de l’emploi chez les jeunes », a ajouté M. Matjašič. Les derniers chiffres d’Eurostat ont révélé que les taux de chômage des jeunes les plus élevés de l’UE étaient enregistrés en Espagne (50,5 %) et en Grèce (50,4 %). En Bulgarie, en Irlande, en Italie, au Portugal et en Slovaquie, le chômage des jeunes dépasse les 30 %.

Dans le monde, l’OIT affirme que près de 75 millions de jeunes, soit 12,6 %, étaient sans emploi en 2011. Une augmentation de plus de 4 millions a donc été constatée depuis 2007. Dans son rapport, l’OIT prévoit que le taux de chômage des jeunes mondial grimpera à 12,7 % cette année et qu’il devrait rester stable jusqu’en 2016. L’UE et les autres pays développés pourraient bénéficier d’une légère baisse du taux de chômage des jeunes, de 18 % en 2012 à 16 % en 2016, mais l’OIT martèle que les taux d’avant la crise ne seront sans doute pas atteints en 2016.