Thibault quittera la CGT début 2013

, par Michel DECAYEUX

Les échos 21.01.2012

Le leader de la CGT va annoncer mardi devant la commission exécutive du syndicat sa volonté de céder la main en mars 2013, à l’issue de son quatrième mandat. Eric Aubin et Nadine Prigent font figure de favoris pour sa succession Il a beaucoup hésité, longuement consulté, puis tranché : mardi, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, devrait informer la Commission exécutive confédérale de la centrale de Montreuil qu’il ne briguera pas de nouveau mandat. Le service de presse de la CGT se refuse à tout commentaire sur des « bruits » mais l’information, dévoilée par lemonde.fr, est confirmée aux « Echos » par plusieurs cadres de la centrale. Bernard Thibault, en poste depuis 1999, ira au bout de son mandat en cours, le quatrième, et cédera la main au prochain congrès, en mars 2013 à Toulouse.

Ces derniers mois, selon des proches, il avait sérieusement envisagé de briguer un cinquième mandat, notamment pour mener à bien la réorganisation territoriale de la CGT, un très lourd chantier, crucial pour s’adapter aux évolutions du salariat et assurer ainsi l’avenir à moyen terme de la centrale, et qui peine à avancer face aux résistances locales. Mais les longues consultations qu’il a mené auprès des principales fédérations et unions territoriales ces dernières semaines l’ont convaincu qu’il était temps de céder la main pour impulser un nouveau souffle.

Une confédération trop repliée sur elle-même ? La grogne interne a également du peser. Depuis le congrès de décembre 2009, une partie croissante du mouvement juge la confédération trop repliée sur elle-même, comme un navire encalminé, et estime que la ligne politique de la centrale n’est pas assez claire. On reproche aussi à Bernard Thibault d’avoir trop concentré lors de ce mandat les pouvoirs au sein d’un bureau à sa main, où les départs des deux numéros deux, Maryse Dumas et Jean-Christophe Le Duigou, n’ont pas été compensés, quantitativement et qualitativement.

La course à sa succession va désormais battre son plein. Début 2011, la rumeur d’un possible départ anticipé l’avait déjà officieusement lancé et elle s’était encore accéléré l’été dernier, où chacun a commencé à placer ses pions.

On évoque Nadine Prigent, actuelle membre du bureau, que Bernard Thibault met beaucoup en avant. Elle est soutenue par une partie du bureau et la vieille garde, à tendance communiste, de la centrale. Mais cette ancienne leader de la fédération santé sociaux, pur produit du service public, est taxé d’un caractère peu amène qui lui vaut de farouches détracteurs en interne. « Si c’est elle, il y aura de sérieux clivages », préviennent des patrons de fédération depuis plusieurs mois.

Alors qu’on dit aussi Bernard Thibault tenté de voir une femme lui succéder (ce serait une première à la tête de la CGT), le nom d’Agnès Naton a aussi couru. Elle est membre du bureau confédéral, issue de France Télécom et a bonne presse dans l’organisation, ou son sérieux et sa capacité de travail sont salués. Mais elle a connu d’importants soucis de santé et beaucoup doute qu’elle ait les épaules et la poigne requises. « Un duel Prigent-Aubin, public contre privé, vieille école contre moderniste » Pour beaucoup, le favori reste Eric Aubin, patron de la fédération construction. En charge du dossier des retraites, il s’est fait un nom, et un réseau dans l’organisation, lors du conflit sur les retraites, où son aisance avec les médias a été remarquée et appréciée. Dès l’an passé, il a commencé à consulter les grandes fédérations de la CGT pour préparer le terrain à sa candidature. Les uns saluent son « pragmatisme », les autres le jugent trop réformiste à leurs yeux.

Les noms de Thierry Le Paon, proche de Maryse Dumas et président du groupe CGT au conseil économique, environnemental et social (CESE), et de Frédéric Imbrecht, patron de la puissante fédération énergie, sont aussi évoqués mais il font plus figure d’outsider. « Ca sera un duel Prigent-Aubin, c’est-à-dire public contre privé, vieille école contre moderniste », résume une figure de la centrale.