HANOVRE « Conti » de tous pays

, par udfo60

Le Courrier Picard - Jeudi 23 Avril 2009

Allemands et français ont défilé ce matin, sans débordement.

Des milliers de salariés Continental, français et allemands, manifestaient ce matin à Hanovre, fief de l’équipementier automobile allemand, pour protester contre la fermeture programmée de deux usines en France et en Allemagne.

« Travailleurs unis contre les actionnaires voyous », « Le monopoly mais sans nous », « Merci pour rien »... Voilà les messages qu’on pouvait lire, en français, en allemand, parfois dans les deux langues, sur les banderoles brandies face à l’entrée de la salle où s’est réunie l’assemblée générale des actionnaires de Continental.




Partis la veille de France, un millier de salariés français du site de Clairoix sont arrivés vers 9 heures à Hanovre, où les attendaient plusieurs centaines de leurs collègues allemands. Au terme d’un défilé d’environ 3 km, ils étaient environ 3.000, selon le syndicat IG BCE, rassemblés juste devant la « salle du dôme » où les actionnaires sont réunis avec la direction du groupe.

« Prêts à faire 12 heures aller, 12 heures retour » « On est là pour leur montrer que nous sommes prêts à faire 12 heures aller, 12 heures retour. Cela montre qu’on est capable d’aller stopper toutes les usines qui fabriquent des pneus Continental, que tout ce que Conti fait, on l’empêchera de le vendre en France », a déclaré devant des journalistes Xavier Mathieu, du syndicat français CGT.

Après que des manifestants ont saccagé mardi la sous-préfecture de Compiègne, proche de Clairoix, il a assuré qu’il n’y aurait pas de « débordements » si la délégation de 15 à 20 personnes prévue est en effet autorisée à remettre une motion à l’assemblée générale.

« Comme les Français, nous avons peur pour nos emplois » Allemands comme Français veulent « lancer un signal » aux actionnaires pour la première manifestation de « deux usines de deux pays différents » de l’histoire de Continental, selon Michael Mersmann, responsable de l’international pour le syndicat allemand IG BCE.

Ainsi Jürgen Frantz, 53 ans, salarié depuis 17 ans dans le département de recherche du site de Stöcken (nord de l’Allemagne) : « Nous voulons simplement montrer que nous ne sommes pas d’accord avec les fermetures. Comme les Français, nous avons peur pour nos emplois. »

« Les actionnaires doivent voir que les salariés sont prêts à se battre », ajoute Hans-Jürgen Reuter, 58 ans, ouvrier depuis 11 ans chez « Conti », sa casquette IG BCE rouge vissée sur la tête. « Avec la crise, ce sont les ouvriers qui doivent payer, alors que c’est pas nous qui avons tout gaspillé », s’indigne-t-il, ravi d’acccueillir ses collègues français.

« Pas d’alternative » à la fermeture A l’intérieur de la salle, le patron de Continental, Karl-Thomas Neumann, a lui maintenu sa position lors d’un discours : « Il n’y a pas d’alternative » à la fermeture, en raison de « la chute de nos marchés ».

Le groupe, qui a déjà supprimé 8.000 emplois dans le monde l’an passé, et 6.000 rien qu’au cours des trois premiers mois de l’année, veut continuer à réduire ses capacités de production, selon son patron. Il va aussi étendre le chômage partiel : en plus des 20.000 salariés déjà concernés, la mesure concernera 25.000 autres personnes d’ici fin avril.

Continental a annoncé en mars dernier vouloir fermer deux usines de pneus en Europe, l’une à Hanovre, l’autre à Clairoix, qui emploient à elles deux environ 1.900 personnes. Mais les syndicats contestent l’argumentation de la direction qui argue de la violence de la crise sur les marchés automobiles.