De 1000 à 1500 € d’amende. C’est la peine demandée cet après-midi par le procureur à l’encontre de Xavier Mathieu, syndicaliste CGT de Continental à Clairoix (Oise). Le leader historique des "Conti" comparaissait en appel pour refus de prélèvement d’ADN. Le jugement a été mis en délibéré au 3 février

En première instance, début mai, à Compiègne (Oise), une peine d’un mois de prison avec sursis avait alors été requise contre lui, mais le leader des « Conti » avait finalement été relaxé fin juin. Début juillet, le parquet de Compiègne a fait appel de cette relaxe.

Quatre candidats derrière le syndicaliste

Plus tôt dans la journée, entre 200 et 300 personnes, dont de nombreux ouvriers de Continental, accompagnées de quatre candidats de gauche à la présidentielle, ont manifesté leur soutien au syndicaliste, en marge de son procès. Eva Joly (EELV), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou (NPA), tous candidats à la présidentielle, ont défilé entre la gare d’Amiens et le palais de justice, où le cortège s’est arrêté à la mi-journée en attendant le début du procès.

Pour Jean-Luc Mélenchon, « ce qui se joue ici, ce n’est pas une affaire locale. Il s’agit de la liberté, car si on accepte que, pour défendre son emploi, on soit demain traduit comme un délinquant, cela signifie que la liberté constitutionnelle de l’action syndicale est niée ». « Cela montre qu’on ne pardonne pas à des gens qui se battent, a souligné Philippe Poutou. On aura besoin de mener des combats sociaux d’ampleur ». Nathalie Arthaud, de son côté, a dénoncé « tous les moyens de pression pour que les travailleurs ne se défendent pas ».

Mathieu remercie Eva Joly

« Ces gens-là trouvent-ils normal que je me retrouve avec (Marc) Dutroux (condamné pour meurtres et actes de pédophilie en Belgique, ndlr) dans un fichier », s’est indigné Xavier Mathieu, ému par le soutien de ses collègues et des candidats à l’élection. « Merci Eva d’être là, heureux d’avoir le soutien de quelqu’un d’intègre », a-t-il déclaré à l’égard d’Eva Joly, selon un tweet de Julien Bayou, un des responsables de la communication de la candidate verte.

Sur l’absence à Amiens de François Hollande, candidat socialiste, l’ex-leader des Conti a déclaré que « les luttes se gagnent avec ceux qui sont sur le terrain », ajoutant que « l’abandon de la classe ouvrière par le PS n’est pas nouveau ». C’est la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol qui représentait le PS.

L’usine de pneumatiques Continental de Clairoix a fermé début 2010, entraînant la suppression de 1.120 postes. Au printemps 2009, un conflit social de plusieurs mois contre le projet de fermeture - dont M. Mathieu a été la figure emblématique - avait permis aux ouvriers d’obtenir des indemnités de départ extra-légales de 50 000 euros. Depuis, il dit n’avoir reçu aucune offre d’emploi.