Les Conti de Clairoix (60) repartent en guerre

, par Michel DECAYEUX

Le parisien le 16.12.2011

Ce matin à 9 h 30, les membres du comité de lutte de Continental Clairoix sont reçus par le préfet de l’Oise à Beauvais. Dans deux semaines, les congés de mobilité seront soldés et 600 Conti devront aller pointer à Pôle emploi. Pour eux, les engagements de reclassement n’ont pas été tenus. Pis, ils ont été reniés par la direction et l’Etat

« Nous avons discuté avec eux des mois durant pour apprendre mercredi que tout est remis en cause par la direction », assurent les délégués. « Les moyens mis en place pour les congés de reclassement ont diminué comme peau de chagrin, ceux qui approchent de la retraite ne sont plus soutenus, la direction a manipulé les chiffres pour faire croire que 73% des Conti ont trouvé une solution professionnelle, mais c’est faux. Combien ont été exclus du dispositif car une formation professionnelle était comptabilisée comme une offre valable de travail, alors que cela n’a débouché sur rien. »

D’après les chiffres fournis par la direction, seuls 212 Conti ont retrouvé un CDI. Mais la colère du comité de lutte s’intensifie quand il découvre qu’Enercon, le fabricant d’éoliennes, organise une campagne de recrutement avec 90 emplois à la clé. « Le préfet a promis que les Conti seraient prioritaires à l’embauche », insiste le syndicaliste. En effet, ce plan signé en avril 2010 entre le préfet et Continental prévoyait que pour chaque emploi industriel créé dans le Compiégnois, la direction internationale débourserait 6000 € pour un Conti et 3000 € pour un non-Conti. « Est-ce que cela nous profite ? Non ! » tempête Pierre Sommé, secrétaire adjoint Force ouvrière du comité de lutte.

« Le résultat n’est pas là. Le centre d’appels téléphoniques Webhelp a profité de cette manne financière mais n’a embauché qu’un seul Conti alors qu’il envisage de créer 500 emplois. Le préfet nous a assuré que cela ne se répéterait pas. C’est pourtant le cas. » Le 4 janvier, les Conti se rendront à Amiens (voir encadré) et ils ont également prévu d’aller voir leurs patrons en début d’année à l’usine de Sarreguemines (Moselle) pour « discuter du respect de leurs engagements. Ce sera un avertissement ». « Nous pensons aussi aux salariés de Sarreguemines qui travaillent à une cadence acharnée depuis qu’ils ont récupéré la production de Clairoix. »