Ecoliers français : pourquoi un tel échec en maths

, par Michel DECAYEUX

30 novembre 2016 Le Parisien

Les résultats catastrophiques des élèves français en maths, selon une sérieuse étude internationale, font l’effet d’une nouvelle douche froide. Mais à qui la faute ? Les experts s’attendaient à un mauvais bulletin. La France a fait pire : la voilà coiffée du bonnet d’âne de la classe européenne, pour le niveau en mathématiques et en sciences de ses écoliers de CM 1, à l’âge de 9 ans. Ce constat, cinglant, a été révélé hier, avec la publication de TIMSS, une enquête internationale menée tous les quatre ans depuis 1995. Au primaire, la France se classe 35e sur 49 pays. Les lycéens de terminale S, également testés, s’en sortent à peine mieux : ils se situent dans une position intermédiaire (6esur neuf pays participants) mais ont vu dégringoler leur score de près de 100 points depuis 1995.

Un problème de politique « Inacceptable », a tancé hier la ministre Najat Vallaud-Belkacem, avec une indignation appuyée devant les résultats des élèves, qu’elle qualifie de « génération sacrifiée ». Mais à qui la faute ? Rue de Grenelle, on tape à fond sur les choix de la droite. Les programmes scolaires créés sous François Fillon et sur lesquels ont travaillé les écoliers testés sont particulièrement dans le viseur. Ainsi que le choix de Nicolas Sarkozy de supprimer 80 000 postes de professeurs et de mettre fin à la formation universitaire des nouveaux enseignants, à contre-courant des politiques de renforcement du niveau des maîtres menées dans les autres pays

, Un souci de pédagogie « Il y a aussi un problème de pédagogie. La manière dont on enseigne les maths à l’école doit être repensée, estime Hervé-Jean Le Niger, de la fédération de parents d’élèves FCPE. Les enfants ont besoin de visualiser et de manipuler pour réellement comprendre les concepts. » Pour l’historien de l’éducation Claude Lelièvre, l’erreur ne date pas du dernier quinquennat mais aurait « au moins vingt ans ! ». « Dès les années 1990, note-t-il, les résultats des élèves étaient déjà bien inférieurs à ce qu’on pouvait attendre. On a importé des Etats-Unis une démarche d’apprentissage des nombres trop précoce et trop systématique, qui, semble-t-il, n’était pas la bonne. »

Une question de formation En France, 80 % des instits sont issus de cursus littéraires. Selon l’enquête TIMSS, les enseignants français sont moins sûrs d’eux que leurs confrères européens. Seuls 18 % des profs des écoles se sentent à l’aise avec la mission de « proposer des tâches complexes aux élèves qui réussissent le mieux » en sciences, contre 53 % pour la moyenne européenne. « Les professeurs français sont aussi bons que les autres mais ils ne sont pas accompagnés, estime Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU, syndicat principal du premier degré. La formation continue, sur le terrain, n’existe pas. Il va falloir d’urgence changer cela. »