AMIENS (80) Goodyear : la direction pousse au plan social

, par Michel DECAYEUX

Le courrier Picard Vendredi 29 Octobre 2010

Le fabriquant de pneus s’appuie sur une partie des conclusions du médiateur pour relancer un plan social. Il prévoit la fin de l’activité tourisme au profit de l’agraire. 817 emplois sur 1 300 au total sont concernés.

La direction de Goodyear a décidé de communiquer sur les conclusions du médiateur, nommé en mars 2010 par le tribunal de commerce de Nanterre. Elle y pioche trois constats. « Le tourisme n’a plus d’avenir sur Amiens-Nord et le site sera désormais consacré à l’activité agraire ». La fin de 817 emplois sur les 1 300 du site. Violent, mais sans surprises.

La nouveauté est de voir une partie des conclusions du médiateur relancer soudainement le projet de restructuration vieux de trois ans. Il avait été retoqué en justice pour la faiblesse de son contenu, après un recours de la CGT (majoritaire).

Le dossier bouge aussi parce qu’après avoir combattu le plan, le syndicat Sud chimie n’est plus opposé à la négociation, même s’il s’oppose sur le fond. Virgilio Mota Da Silva, élu Sud-Chimie, le justifie : « des gens quittent déjà l’entreprise, 300 sur trois ans. Le plan social se fait doucement. Départs en retraite, démissions... Ils partent sans rien. On ne peut plus l’accepter. » Il argumente sur la situation intenable pour les salariés en interne. Un autre constat du médiateur repris par la direction.

Ce qui fait bondir la CGT. « Le document Sud affiché le 14 octobre aurait pu être accroché sur le panneau de la direction. On n’aurait pas vu la différence ! » s’emporte Mickaël Wamen, secrétaire CGT. Il alerte de toutes tentatives de « négociations cachées ».

« Vouloir des perspectives autres que la feuille d’Assedic pour ceux qui veulent partir ne veut pas dire qu’on fait le plan social à la place de la direction », se défend Virgilio Mota Da Silva. Et l’avenir ? « Négocier des mesures pour les volontaires seulement si la direction accepte de faire évoluer les négociations réellement ; offrir des conditions correctes à ceux qui seraient volontaires ; ne contraindre personne à partir, et garantir un emploi à ceux qui acceptent de rester ».

Titan veut rencontrer les élus du comité d’entreprise

« Négociations » est justement ce que rechercherait la direction, troisième constat emprunté au rapport du médiateur. « Afin de rétablir un accord cadre définissant les différentes étapes de la fin de l’activité tourisme », insiste le directeur des ressources humaines chargé du dossier amiénois, Christian Quintard.

Cette soudaine accélération agace la CGT. Fort justement, le syndicat rappelle que la procédure judiciaire concernant le plan social est toujours en cours. D’ailleurs, la CGT doit rencontrer le juge du tribunal de commerce aujourd’hui, « pour un point complet et la suite de la médiatisation », indique Mickaël Wamen. Il lève un point crucial : Goodyear va-t-il investir sur l’agraire et y développer l’emploi ? En cas contraire, que devient la proposition de reprise de l’agraire du groupe Titan ? Les réponses sont plutôt floues.

La CFE-CGC, majoritaire chez les cadres, n’ira pas non plus négocier, « Ce qui s’est passé lundi (ndlr : lors du comité d’entreprise) n’a pas de valeur pour nous, d’autant que nous avons été écartés de la médiation. Et puis ce n’était pas une conclusion de la médiation mais une déclaration de la direction sur des conclusions de cette médiation, ironise Marc Jonet, et la direction n’a pas demandé de négocier. » Sa position : « éviter les licenciements secs, nous ne réclamons pas de plan de sauvegarde de l’emploi ».

Dernièrement la CGT a assigné Titan en justice. « Qu’ils donnent les éléments demandés par la justice. Sans, nous ne négocierons pas », prévient Mickaël Wamen. Il semblerait que cela ait fait mouche. La direction de Goodyear a en effet confirmé mercredi que les dirigeants souhaitaient rencontrer les élus du comité d’entreprise, « une réunion informelle » a précisé la direction.