La stratégie des chaussettes Kindy pour se remettre sur pied

, par Michel DECAYEUX

21/09/2018 Usine nouvelle

Un an et demi après leur reprise du groupe Kindy, les deux dirigeants Thierry Un an et demi après leur reprise du groupe Kindy, les deux dirigeants Thierry Carpentier et Salih Halissi ont repris en main la production et l’innovation du célèbre fabricant de chaussettes, pour l’aider à retomber sur ses pieds. et Salih Halissi ont repris en main la production et l’innovation du célèbre fabricant de chaussettes, pour l’aider à retomber sur ses pieds.

Avec ses bobines de couleur autour de chaque machine à tricoter, l’usine du groupe de chaussettes Kindy ne manque pas de couleurs. Sur le site de Moliens (Oise), les tricoteuses tournent et la production récupère petit à petit son rythme. Thierry Carpentier et Salih Halissi ont repris l’entreprise, placée en liquidation judiciaire, en juillet 2017

Tricoteuse à « chaussette ».

Un bilan de l’état de l’entreprise "A la reprise du site, il y avait un trou dans la toiture, l’eau tombait dans l’usine et 37 machines ne fonctionnaient pas", détaille Thierry Carpentier, l’un des associés co-dirigeant du groupe. Fondée en 1866, l’entreprise faisait 60 millions de chiffre d’affaires "dans ses grandes heures". "En dix ans, elle a perdu entre 600 et 800 salariés", ajoute Thierry Carpentier. Les deux entrepreneurs l’ont rachetée avec quelques 13 millions de chiffre d’affaires et des comptes mal réalisés. L’objectif était alors de faire un bilan de l’état réel de l’entreprise, "morte avec 8 millions d’euros de stocks non vendus" souligne son nouveau patron. "Nous voulions reprendre une société qui avait une marque forte, explique Salih Halissi, co-dirigeant. Nous sommes repartis à zéro en terme de dette mais avec une activité qui ne s’arrête pas".

Reprendre la main sur la production Les deux associés sortiront leurs premiers comptes en décembre 2018, après un an et demi d’exercice. Ils espèrent clôturer un bilan fiscal entre 14 et 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et avoir retrouvé l’équilibre financier à cette période. Leur objectif est ensuite d’atteindre 20 millions sous trois ans. Pour remettre l’usine sur pied, ont été investis plus d’un million d’euros en matériel dont 200 000 euros pour les tricoteuses, 200 000 euros pour la réparation du bâtiment et 100 000 euros pour une nouvelle machine à impression sur coton. Le nombre de salariés a aussi augmenté de 68 à 108 personnes. La production française du groupe s’élevait à 400 000 paires par an au début de la reprise, elle est passée à 1 million avec ces investissements et les deux dirigeants visent 1,3 million lorsque toutes les machines seront arrivées.

La production totale du groupe s’élève à 15 millions de paires par an. Ils avouent que leur plus grande difficulté a été de rétablir la confiance avec les fournisseurs : certains n’avaient pas été payés et ne voulaient plus travailler avec eux. Les ressources humaines sont aussi difficiles à trouver dans la région. "Nous devions changer l’esprit, retrouver la qualité de la structure et apporter de la qualité au produit", explique Thierry Carpentier.

Innovation et nouveaux systèmes de vente Après ces consolidations structurelles, les deux repreneurs s’attaquent au produit. Kindy a déjà une place forte dans l’innovation de la chaussette : ils ont été les premiers à penser à mettre de l’élasthanne au niveau du bord-côte pour que le vêtement tienne tout seul. Thierry Carpentier et Salih Halissi ont depuis acheté une machine à impression sur coton pour développer des chaussettes à motifs pour la marque la plus haute gamme du groupe : Achile. La nouvelle collection fantaisie sera prête pour 2019. La responsable communication Julie Coene croit au renouveau du produit culte : "aujourd’hui la chaussette redevient à la mode, elle peut devenir un accessoire aussi important qu’un sac-à-main", note-t-elle. Le marché de la chaussette est un marché "concurrentiel agressif" représentant 600 millions d’euros, décrit Salih Halissi. Il est dominé à 90 % par des produits venant de Turquie, le reste est partagé par cinq fabricants français. Pour mieux pénétrer le marché, les co-dirigeants ont pensé à d’autres canaux de vente que les grandes et moyennes surfaces (GMS) et le e-commerce. Grâce à la récente acquisition de Tissel en juin 2018, le groupe Kindy a récupéré une base de données conséquente. Le groupe envisage alors de faire de la vente à domicile. "La marque se vendait très bien grâce à ce moyen et nous pouvons réutiliser leur clientèle", pense Thierry Carpentier. Un système d’abonnement est aussi en cours de réalisation. "Nous avons conçu un système de boxes, déjà composées ou à constituer soi-même. Le client pourra déterminer la régularité de réception et il y aura plusieurs formules préférentielles", détaille Thierry Carpentier.

Rajeunir de dix ans la cible "Les chaussettes ne se cachent plus". Slogans et campagnes de pub dévergondées, la marque Kindy résonne encore dans les oreilles des plus de 40 ans, mais est totalement absente de l’imaginaire des jeunes, regrette Julie Coene, responsable communication. Son objectif est de rajeunir de dix ans la clientèle. Deux opérations de communications sont en cours pour redorer l’image. Un concours de design a été lancé pour début octobre. Une dizaine d’influenceurs ont été contactés afin de créer un modèle original. Kindy plonge aussi de plein pied dans le monde de la mode en créant un "show de chaussettes" le 22 novembre dans le lieu branché du Yoyo au Palais de Tokyo, avec le mannequin Baptiste Giabiconi en tant qu’égérie, connu pour ses publicités Chanel. Julie Coene se félicite : "ce sera le premier défilé de chaussettes, nous présenterons des modèles extraordinaires". D’ici 2019, il y aura aussi un nouveau site marchand et un nouveau logo.