Les 115salariés de Kindy dans l’Oise seront fixés sur leur sort vendredi

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien 31 mai 2017

Les trois offres de reprise de l’entreprise de chaussettes ont été examinées ce mardi par le tribunal de commerce de Beauvais (Oise).

« On repart avec le stress. Qui va nous reprendre ? » Comme ses collègues, Michèle, 55 ans, salariée de l’entreprise Kindy de Moliens, va devoir patienter encore quatre jours. Le tribunal de commerce de Beauvais (Oise) ne rendra en effet sa décision que vendredi. L’instance a entendu, ce mardi, de 14 heures à 19 heures, les trois offres de reprise du fabricant historique de chaussettes placé en redressement judiciaire depuis février . « On a évité le pire, on ne peut pas vous en dire plus », se contente de déclarer Dany Cottet, secrétaire du comité d’entreprise et délégué syndical Force Ouvrière, à la sortie de l’audience.

« C’est vrai qu’on aurait bien aimé savoir à quelle sauce on va être mangé, lâche Lydie, 52 ans, qui travaille au service logistique. Depuis février, on est dans l’incertitude et l’inquiétude. Ça met de la morosité au travail. » A son arrivée devant le tribunal de commerce en début d’après-midi, par un car spécialement affrété de Moliens, la cinquantenaire ne cachait pas son angoisse. « J’ai encore sept ans à travailler. Qu’est ce que je vais pouvoir trouver comme boulot à mon âge ? »

Un savoir-faire de 160 ans

Charles, responsable de production, reste confiant, convaincu que les activités tricotage et finition seront sauvées et que la « casse sociale sera limitée ». « Les repreneurs seront obligés de reprendre les gens qui maîtrisent le métier. » Selon les offres, c’est entre dix et soixante emplois qui seraient préservés sur les 115 que compte encore l’entreprise. Ce savoir-faire vieux de 160 ans, les salariés sont bien décidés à en assurer la pérennité. « La qualité de la chaussette made in France, il faut la défendre », encourage Gérard Leroy. Le secrétaire général de l’union départementale Force ouvrière a commandé à Kindy 500 paires de chaussettes, dont une partie sera distribuée lors du congrès départemental, vendredi. Pas sûr que cela suffise à sauver l’entreprise. Mais les salariés ont reçu cette marque de soutien comme celles apportées par de nombreux élus de la Picardie verte et du fondateur de la marque, Jean-Yves Bloquert, âgé aujourd’hui de 82 ans. « On n’a pas fait toute cette attente pour rien, se convainc Lydie. J’y crois toujours et j’y croirai jusqu’au bout. »

«  On ne peut pas reprendre une entreprise contre ses salariés »Thierry Carpentier, patron de Galatée Parmi les trois offres de reprise, celle de Galatée a la préférence des salariés comme des élus locaux. Son patron, Thierry Carpentier, entend relancer l’entreprise.

Quelles sont vos ambitions pour Kindy, si le tribunal choisit votre offre ?

Thierry Carpentier. On entend se recentrer sur l’ADN de la marque, les chaussettes. Le potentiel est très important. Mais nous n’entendons pas juste racheter une marque. Contrairement aux deux autres, notre offre prévoit le rachat des locaux de Kindy à Moliens car il est essentiel de garder un outil de production.

Combien de salariés conserveriez-vous ? 60 sur les 115. Avec les départs volontaires annoncés, il pourrait y avoir environ 25 départs non-volontaires. Avec le souhait de reprendre ces gens si l’activité le permet. Je suis en tout cas convaincu qu’on ne peut pas reprendre une entreprise contre ses salariés.

Comment relancer Kindy, en difficulté depuis plusieurs années ?

La force de la marque existe, mais il convient de continuer à la développer. Selon nous, la solution passe en partie par la vente sur Internet, qui ne représente aujourd’hui que 2 % du chiffre d’affaires de Kindy. L’objectif est de grimper à 15 %. Et ça, nous savons faire.