Fin du monopole syndical proposé par Fillon : "une grave erreur", selon Jean Claude Mailly

, par Michel DECAYEUX

Interview Les Echos | 29/11/2016

1er décembre

François Fillon, investi par le parti Les Républicains pour l’élection présidentielle, propose dans son programme économique de supprimer le monopole syndical lors des élections professionnelles. "C’est une grave erreur SI l’on met fin au monopole syndical (...) cela veut dire que l’on risque de voir surgir tout et n’importe quoi", déplore Jean-Claude Mailly. "La société civile c’est hors de l’entreprise. Dans l’entreprise ou l’administration, ce sont les salariés. Et les salariés sont représentés par des syndicats. Si demain il y a une fin de monopole syndical (...), on va avoir des syndicats confessionnels, des syndicats politisés... Cela va plomber sérieusement le dialogue social".

Loi travail : "un vrai problème de méthode" du gouvernement, selon Jean Claude Mailly

"Nonobstant le contenu même des réformes et de la Loi travail, il y a eu un vrai problème de méthode. Tant le président de la République que le Premier ministre n’ont jamais été confrontés à des réformes sociales (...). Ils ont pris ce que j’appelle une posture en ne voulant pas bouger sur tout une série de choses. (...) Cette affaire a surtout été pilotée depuis l’Elysée et Matignon avec un manque d’expérience, clairement, sur la manière de consulter, de concerter... à la différence des gouvernements précédents", explique Jean-Claude Mailly. "François Hollande est celui qui parle le plus de dialogue social, et vraisemblablement, sur des points clés - je pense au Pacte de responsabilité, à la Loi travail -, celui qui l’a le moins pratiqué", déplore-t-il.

La rivalité Valls-Macron a pesé, « Ils se situent à peu près, sur le plan économique, sur le même terrain. Donc, par définition, à un moment donné, ils étaient en concurrence l’un et l’autre », explique Jean-Claude Mailly au sujet de Manuel Valls et Emmanuel Macron lors de la Loi travail. « Emmanuel Macron, qui avait la confiance du président de la République quand il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, l’avait encore lorsqu’il était ministre de l’Economie. Il pouvait influer, même en dehors de Matignon, sur le contenu d’une loi, y compris la loi travail et l’article 30 sur les licenciements économiques »

Vu du Royaume-Uni. Un vainqueur thatchérien prépare un remède de cheval pour la France (The Times 28.11 quotidien conservateur)

La CFDT juge aussi « très inquiétant" le programme de François Fillon

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, juge "très inquiétant" le programme du candidat de la droite pour l’élection présidentielle, François Fillon, à qui il a reproché de s’en prendre aux fonctionnaires et aux syndicats. "Ce qui est aujourd’hui dessiné est un programme qui est, au niveau social, inquiétant, très inquiétant", a-t-il déclaré. "Ceux qui ferons campagne en essayant de trouver des coupables à la situation de la France plutôt que de trouver des solutions et de porter une vision du progrès se planteront", a ajouté le dirigeant syndical.

Commentaire : Oh ben quel coup ! Et pourtant, ce n’est pas ce que pensait la CFDT en 2003 de cet homme politique et de ses contre réformes en particulier sur les retraites. Ils se sont vivement congratulés après l’accord conclu et signé sur la remise en cause du dispositif existant en particulier : allongement des années de cotisations et de la date départ à la retraite. D’un autre côté on peut comprendre la réaction du Berger de la CFDT, lui qui marche dans le vent. Comme le dit la chanson de Gilbert BECAUD « l’important c’est la rose, crois-moi ! »