Les Conti vont au bras de fer avec l’Etat

, par udfo60

le Courrier Picard du mardi 08 septembre 2009

Les salariés condamnés pour le saccage de la sous-préfecture ont fait appel, lundi, de la décision du tribunal. Soutenus par toute la gauche, contre l’UMP qui veut une jurisprudence Continental.

Accepter la décision des juges compiégnois ou prendre le risque de voir leur peine alourdie en appel ? Les six salariés de Continental, condamnés entre 3 et 5 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Compiègne, pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne, ont choisi.

Ce sera un second procès devant la cour d’appel d’Amiens, dont la date reste à définir par cette juridiction. Cette procédure entraîne, de fait, l’annulation de l’audience sur intérêts civils, fixés au 4 novembre par les juges compiégnois.

C’est ce jour-là que la justice devait fixer le montant des dégâts et les conditions de remboursement. L’Etat présente une facture de 63 000 € ; les Conti craignent ouvertement qu’il ne gonfle la note. Fait rare dans les annales judiciaires, les six salariés ont déjà été condamnés par le tribunal correctionnel à la régler solidairement, quel qu’en soit le montant. Le symbole scandalise le comité de lutte des Conti.

« C’est le retour de la loi anti-casseurs », s’est indignée très vite l’avocate des Conti, Marie-Laure Dufresne-Castets.

La thèse est désormais reprise par les responsables CGT de Continental, soutenus par la gauche et l’extrême-gauche. Pour eux, le combat est désormais politique, contre la droite qui, à l’instar du sénateur-maire UMP de Compiègne, Philippe Marini, réclame « une jurisprudence Continental » applicable aux casseurs de lieux publics.

« L’Etat veut brider les travailleurs de France » « Aujourd’hui, l’Etat essaie de faire un exemple avec les six salariés de Continental pour brider les travailleurs, s’indigne Didier Bernard, responsable CGT chez Continental. Si nous ne nous battons pas, qu’arrivera-t-il aux travailleurs de France ? Nous devons choisir volontairement d’être le symbole de cette lutte de la classe ouvrière. » C’est donc accompagnés par quelque 200 Conti que les six salariés condamnés se sont rendus au tribunal de grande instance de Compiègne pour faire appel.

« Notre choix ne dépend pas que de nous ; il dépend aussi de vous, a lancé le leader CGT Xavier Mathieu pour mobiliser les Conti, au cours d’une nouvelle assemblée générale, devant l’usine. Depuis quelques jours, j’ai du mal à dormir. S’il y a une chose que je ne supporterais pas psychologiquement, c’est d’être abandonné par vous. Je ne supporterai pas que les Conti abandonnent leurs copains qui sont dans la merde. »

Et, dans le nouveau bras de fer qu’il vient d’engager avec l’Etat, la figure emblématique des Conti dévoile pêle-mêle quelques plans d’actions. Lancer « une souscription nationale » pour aider les Conti à payer, en cas de condamnation. Faire appel à la ligue des droits de l’homme. Et même au syndicat de la magistrature.