RANTIGNY Saint-Gobain : un salarié inapte devient encombrant

, par Michel DECAYEUX

le 03/03/ Le courrier Picard

Rantigny, l’intersyndicale FO, CFE-CGC a organisé, mardi 3 mars, une réunion d’information. Elle ne veut pas que ce cas crée un précédent.

J ’ai 43 ans d’ancienneté à Saint-Gobain. Et c’est bien la première fois qu’un salarié risque de se faire licencier à cause de son handicap ! » Aux portes de l’entreprise Saint-Gobain Isover de Rantigny, la colère grondait , mardi 3 mars, dans l’après-midi. À l’appel de l’intersyndicale FO, CFE-CGC, l’ensemble des salariés a été invité à une réunion d’information au sujet de la situation de l’un de leurs collègues. Un collègue « qui a travaillé durant 22 ans sans aucun arrêt, mais qui, malheureusement depuis six mois, est malade et a été déclaré inapte à son poste actuel de chef d’équipe », explique Jean-Claude Legrand, de la CFE-CGC. À ses côtés, son collègue FO, Dominique Ritaine, rappelle que l’entreprise « dispose depuis 1987 d’un accord qui protège les salariés dans ce type de situation en les reclassant systématiquement sur le site. Mais à la direction, on estime que les choses ont changé, bien que cet accord n’ait jamais été renégocié. »

Selon les syndicats, sept propositions de reclassement ont été faites à ce salarié, mais aucune à Rantigny. « On nous répond qu’il n’y a rien pour lui ici. Il s’est donc vu proposer un poste de vendeur dans le Val-d’Oise, un autre d’assistant commercial en Seine-et-Marne, de technico-commercial dans le Morbihan… Et même de chef d’équipe dans l’Isère alors même qu’il est inapte à ce poste ici à Rantigny ! Quant à la question du salaire, la direction n’a même pas souhaité l’aborder. »

Et ce que craignent les syndicats, « c’est que le cas de ce salarié crée un précédent. Tous nous pouvons, un jour ou l’autre, être déclarés inaptes. Nous avons d’ailleurs quatre autres cas en attente dans l’entreprise. » Le salarié devra donner sa réponse lundi prochain à la direction. « S’il refuse, il sera licencié. C’est quelqu’un qui a quatre enfants, une maison… Comment voulez-vous qu’il accepte de partir aussi loin », termine l’intersyndicale qui envisage de mener d’autres actions ces prochains jours. La direction n’a pas souhaité communiquer sur cette affaire.