Pierre Gattaz demande la suppression de l’ISF et de la taxe à 75%

, par Michel DECAYEUX

Les Echos | 28/08

Pour son premier discours à l’université d’été du Medef, Pierre Gattaz s’en est pris à la politique fiscale du gouvernement. Le nouveau premier patron de France réclame la suppression pure et simple de l’Impôt de solidarité sur la fortune, ainsi que de la taxe à 75 % sur les plus hauts revenus Ce n’est pas la première sortie de Pierre Gattaz sur la fiscalité depuis son arrivée à la tête du Medef . Cette fois, il a profité de l’ouverture mercredi de sa première université d’été du Medef à Jouy-en-Josas, à laquelle assiste le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, pour rappeler son « rêve » de voir disparaître l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ainsi que la taxation à 75 % des plus hauts revenus

. « Supprimons les impôts symboles qui ne servent à rien d’autre qu’à décourager les investisseurs et les actionnaires », a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture, avant d’ajouter qu’il faut supprimer « l’ISF, [...] la taxe à 75% sur les hauts revenus, qui font tant de dégâts en France, en Europe et à l’international, pour notre image et pour l’attractivité de notre pays ». Malgré l’invitation insistante adressée par Pierre Gattaz au gouvernement, seuls quelques ministres devraient participer aux trois jours de débats organisés sur le campus de HEC, parmi lesquels Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Bernard Cazeneuve (Budget), Fleur Pellerin (PME, innovation et économie numérique), Philippe Martin (Ecologie) ou encore Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et recherche). Pierre Moscovici devrait débattre avec Pierre Gattaz en séance plénière, jeudi 29 août. L’an dernier, une dizaine de ministres, dont le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, avaient fait le déplacement.

Un impôt qui « pollue la vie »

Promesse de campagne de François Hollande, dont une première version avait été rejetée par le Conseil constitutionnel , la taxe à 75% doit s’appliquer à la seule partie des revenus dépassant un million d’euro par an . Elle est l’addition de prélèvements existants et d’une taxe exceptionnelle pour arriver à ce taux. Déjà interrogé à ce sujet en juin dernier, Pierre Gattaz avait déclaré qu’il souhaitait un « Medef de combat, pour l’entreprise, pour l’économie, pour l’emploi ». Il est par conséquent impératif aux yeux du premier patron de France de supprimer tous les impôts « dogmatiques », en l’occurrence l’ISF qui « pollue la vie » affirmait-il, et la taxe à 75 %. A défaut d’une suppression totale de l’ISF, Pierre Gattaz se prononçait alors en faveur d’un abattement de 100 % lorsqu’on investit dans des PME...

Attaque en règle contre la réforme des retraites

Le président du Medef, qui avait déjà dénoncé mardi un projet « inacceptable », a par ailleurs fustigé la réforme des retraites mise en place par le gouvernement. « Tout le monde sait qu’on va devoir revenir sur cette réforme dans quelques mois », a-t-il estimé, évoquant un déficit cumulé du système de retraites de 200 milliards en 2020, et avant de s’interroger : « Comment croire que seules les cotisations des entreprises et des salariés vont pouvoir combler les 200 milliards de déficit ? »

Il était rejoint sur ce point par la seule représentante des syndicats de cadres à cette université d’été du Medef, Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC , qui estime que « le gouvernement doit mieux faire », notamment pour les jeunes. « Nous attendons beaucoup plus que ces petits effets d’annonce. Ils ne contribuent pas à nous rassurer sur la mise en place d’une réforme à la hauteur des enjeux », a-t-elle fait savoir dans un communiqué.

Sur l’enjeu de financement, le syndicat des cadres « regrette » que le gouvernement n’ait pas retenu sa proposition d’un prélèvement sur la consommation permettant d’alléger les cotisations patronales de 3,6 milliards d’euros pour « redonner de la compétitivité aux entreprises ». A l’inverse, Jean-Marc Ayrault a décidé d’une hausse progressive des cotisations, patronales et salariales , même si « le gouvernement sera dans l’obligation d’examiner sérieusement cette proposition dans le cadre de la réforme du financement global de la protection sociale » (annoncée dans la foulée), a poursuivi Carole Couvert. Pour les jeunes dont l’entrée dans la vie active est retardée par des études longues, le syndicat demande au gouvernement d’aller plus loin, en leur offrant « la possibilité de racheter deux années » pour le calcul de leur future retraite. La proposition d’une année « n’est pas suffisamment incitative pour des jeunes qui aujourd’hui, à 30 ans, totalisent 10 trimestres cotisés de moins que la génération de 1950 », précise Carole Couvert, qui s’est enfin interrogée sur le « financement » du compte-pénibilité annoncé pour 2014 et déplore que « seuls 10 critères de pénibilité soient retenus ».