Clairoix : Les Conti repartent pour un tour

, par Michel DECAYEUX

Mardi 27 Novembre 2012

Les quelque 680 salariés de Continental qui contestent leur licenciement repasseront au tribunal ; les prud’hommes de Compiègne font appel à un juge professionnel.

C’était un rebondissement attendu. Saisis par 680 anciens salariés de Continental, les prud’hommes de Compiègne devaient rendre leur décision, hier ; les dossier sont renvoyés devant un juge départiteur.

Autrement dit, les quatre conseillers prud’homaux habituels seront rejoints par un magistrat du tribunal d’instance, pour prendre une décision à la majorité.

La nouvelle audience est programmée les 26, 27 et 28 février, pour les ouvriers, les 4 et 5mars, pour les cadres. « Les juges réentendront l’ensemble de l’affaire », précise un avocat.

Ils étaient environ deux cents ex-Conti, rassemblés un peu avant 13h30, sur la place du palais, à attendre ce jugement. Secrétaire FO du comité d’établissement, Pierre Sommé misait « à 90% » sur un juge partiteur

Parmi le flot d’anciens ouvriers de la manufacture de pneus de Clairoix, pas de pancartes, seulement un ou deux de ces blousons siglés Continental, couverts d’autocollants.

Les Conti ont besoin de cette condamnation pour passer à autre chose » « La combativité est toujours aussi forte, assure une avocate des Conti, Me Marie-Laure Dufresne-Castets. Aujourd’hui, il n’y a rien à applaudir, mais ce n’est que partie remise. » Antonio Da Costa, représentant CFTC, voit, lui, un fléchissement de la mobilisation : « C’est logique. Les Conti veulent se refaire, tourner la page. De plus, certains travaillent. Ils ne peuvent pas demander à chaque fois une attestation à leur employeur pour venir. »

Gérard, 33 ans passés à Continental, notamment à la vulcanisation, a fait le déplacement. « J’attends qu’ils soient condamnés. Cela ferait réfléchir les autres patrons au moins... »

Selon Xavier Mathieu, figure de proue du conflit, « les Conti ont besoin de cette condamnation pour passer à autre chose ; ils ont été trahis ».

Trahis, car selon les avocats des ex-salariés, le géant du pneu a organisé la surcapacité de production de pneus, pour mieux liquider son usine de Clairoix et s’est servi de la crise comme prétexte. Il aurait voulu ainsi gonfler davantage ses profits. « Depuis la fermeture de l’usine, le groupe a réalisé dix milliards d’euros de bénéfices, en a remboursé sept et dégagé trois milliards de bénéfice net ; il annonce des résultats historiques pour2012 »

l’inverse, le géant du pneu plaide que « la crise historique qui a frappé, dès le second semestre de l’année 2008, le secteur automobile, a rendu inéluctable la fermeture du site de Clairoix ».

Le recours à un juge départiteur « témoigne du sérieux de la complexité du dossier et du sérieux des arguments qu’a fait valoir Continental », commente encore le groupe.

Autant de questions qui seront reposées en février, au centre de rencontre de la Victoire de Compiègne, au moment du nouveau procès.