CREPY-EN-VALOIS (60) Les Sodimatex accusent le coup

, par Christine BORDERIAS-SOLER

Hier, les salariés de Sodimatex ont fait monter la pression auprès de la direction de l’usine crépynoise, acculée dans ses bureaux. Ils pourraient reprendre le travail dès lundi.

Mille deux cents palettes et 600 pneus brûlés, 15 jours de grève, 6 grévistes de la faim, 1 opération escargot, des dizaines de kilomètres d’embouteillages créés, des heures de négociations, voilà en quelques chiffres le bilan du mouvement des 96 salariés de Sodimatex de plus en plus en colère.

Hier à 19 heures, le silence s’est installé sur le parking du fabricant de moquettes pour automobile. Les salariés grévistes sont restés sans voix. De retour d’une deuxième réunion avec les médiateurs du groupe Trèves, les représentants syndicaux ont résumé la séance. « Ca a duré cinq minutes ; la direction ne lâchera rien en ce qui concerne le paiement des jours de grève. Devant leurs propositions inacceptables quatre jours de grève non payés et quatre autres sur le compte des congés payés, nous avons levé la séance » La déception se lit sur les visages fatigués. « C’est de la provocation. On croyait obtenir quelque chose » lance un salarié. « Ils n’attendent qu’une chose, qu’on dérape ; ils tentent de nous pousser à bout » ajoute un de ses collègues.

« Une façon de leur mettre la pression »

Le matin même, les salariés rejoints par une délégation de Lear Corporation, avaient lancé une opération blocus sur cinq ronds-points stratégiques de Crépy-en-Valois. A 11 h 30 les délégués syndicaux rencontraient les médiateurs pour la première fois de la journée en terrain neutre à Senlis. La réunion de 3 heures n’a abouti à rien. « On leur a proposé de nous payer 700 euros pour le total des jours de grèves et en échange on relance les machines. Ils ont refusé » explique Julio Tavarès, délégué CGT.

A 15 h 15, la pression monte d’un cran lorsqu’au retour des dirigeants du site et des médiateurs, une vingtaine de salariés décident de s’asseoir dans le couloir qui jouxte le bureau de la direction « Une façon de leur mettre la pression pour qu’ils trouvent une solution au conflit. Mais en aucun cas une séquestration » explique un salarié.

« On pourrait ne plus se souvenir comment fonctionnent les machines... »

Une vision des choses qui n’est pas partagée par les médiateurs qui se sentent menacés. « Ils ont prévenu la préfecture et fait venir un service d’ordre. Par sécurité, ils ont demandé une autre réunion à 18 heures avec les délégués, mais dans les locaux de la mairie » raconte un salarié.

La majorité des salariés souhaite retravailler lundi. « Après 15 jours d’arrêt, on sera présent, mais on pourrait ne plus se souvenir comment fonctionnent les machines... » sous-entendent les salariés. La reprise des postes sera votée ce matin vers 9 heures. En attendant, 5 des 6 grévistes de la faim ont décidé de poursuivre leur mouvement. Les Sodimatex n’ont pas dit leur dernier mot.

Le courrier Picard 24.04.09