Oise : Ces agences d’intérim qui ne déclarent pas leurs salariés

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien le 5 novembre 2011

On connaissait les employeurs qui embauchent des travailleurs non déclarés sur des chantiers. Mais un phénomène nouveau est apparu ces derniers temps dans l’Oise : les fausses agences d’intérim. Leur principe est le même qu’une agence d’intérim classique, fournir des salariés aux entreprises, à la différence près que ces employés ne sont pas déclarés. « L’avantage pour les sociétés, c’est que, d’une part, elles paient les prestations moins cher et, d’autre part, elles peuvent se couvrir en cas de contrôle en expliquant que les salariés sont ceux de l’agence d’intérim » observe Michel Dang Van Thu, directeur de l’Urssaf de l’Oise

Elles seraient une dizaine dans l’Oise qui emploieraient au total une centaine de personnes. Pour les agences d’intérim classiques. le phénomène est à prendre très au sérieux.« C’est de la concurrence déloyale aux agences qui, elles, paient des charges et répondent à leurs obligations de fournir des droits sociaux aux travailleurs » dénonce François Roux, d légué gé¬néral du Prisme, organisme qui re¬groupe 90 % des agences d’intérim, soit 6 500 agences en France. Le principal secteur touché est celui du bâtiment. Un domaine très concurrentiel avec des cascades de sous¬ traitants où la main-d’œuvre devient rapidement une variable de compétitivité Des officines qui se créent et disparaissent en moins d’une année civile

Le bâtiment n’est pas le seul secteur concerné. Le gardiennage et la restauration voient également fleurir ce type d’officines. Et faire la chasse à ces agences fantômes n’est pas chose aisée. Car le propre de ces structures est justement de ne pas durer longtemps pour éviter les contrôles éventuels et ne pas laisser de traces.« leur méthode est de se créer et de disparaître au cours de la même année civile explique François Roux. Comme ça, elles n’ont pas à éditer un bilan en fin d’année, ce qui rend plus difficile leur traçabilité ». Mais plusieurs éléments peuvent mettre la puce à l’oreille des spécialistes de l’emploi intérimaire.

Certains demandeurs possèdent dans leur dossier des bulletins de salaire contenant des informations bizarres, avec des numéros de Siret pour le moins exotiques, raconte le délégué général. Dans ces cas-là, nous saisissons directement les Colti (NDLR : comités opérationnels de lutte contre le travail illégal présent dans chaque département). » Contactée, la fédération du bâtiment de l’Oise estime pour sa part- Mais, pour elle, le travail illégal est une priorité absolue. Une carte professionnelle a été créée l’an dernier pour les salariés du bâtiment. Elle permet aux contrôleurs d’interroger un serveur vocal depuis un chantier pour en vérifier sa validité.