MERU (60) Les salariés de Creyssensac ne relâchent pas la pression

, par udfo60

Le Courrier Picard - Samedi 18 Avril 2009

Des employés de Thales, Minigrip et Faurecia sont venus pour manifester leur solidarité envers leurs voisins : « Cela peut aussi nous arriver ».

Vendredi matin, à l’appel de la CGT, un cortège « funéraire » est parti de l’usine Creyssensac pour se rendre dans les rues du centre ville de Méru, en plein marché. Derrière ce corbillard improvisé, près de deux cents salariés de Worthington Creyssensac ont battu le pavé à l’appel de la CGT pour sauver leur emploi. Il y a dix jours, ce fabricant de compresseurs annonçait la suppression de 111 emplois, soit la moitié des effectifs. « On n’est pas d’accord avec cette décision. Le chiffre d’affaires de l’entreprise est de 88 millions d’euros en 2008, tout va pour le mieux et pourtant, ils décident de restructurer ! » s’insurge Christian Fourmanoit, délégué syndical à la CGT, en tête de cortège.

Filiale du groupe suédois Atlas Copco, l’entreprise Worthington a annoncé il y a une dizaine de jours une réorganisation de ses activités. La direction invoque une baisse de moitié du carnet de commandes au cours du dernier semestre.

« Encore deux ans et le site de Méru fermera » Cette réorganisation des activités de la société suédoise prévoit le transfert de l’activité industrielle de compresseurs à piston sur les sites de Robassomero en Italie, et celle des compresseurs à vis à Anvers, en Belgique. « À Méru, il ne restera plus que 28 salariés chargés des activités du pôle compresseurs ferroviaires. Mais on sait que la direction ne répond plus aux marchés. À mon avis, encore deux ans et le site fermera », confie un cadre des achats de logistique.

Les salariés sont encore abasourdis par cette soudaine décision. « La société est en bonne santé, j’ai reçu une prime d’intéressement de 4 000€ en 2008 », confie Yannick. Cet employé s’estime encore relativement heureux de son sort. Il ne sera pas concerné par les suppressions de postes mais cet habitant de Saint-Crépin Ibouvillers partira travailler à Saint-Ouen l’Aumône (Val-d’Oise), comme 52 autres collègues du service commercial.

Nordine, 28 ans, magasinier depuis deux ans dans la société, ne se fait guère d’illusion sur son avenir : « J’ai déjà galéré à décrocher ce CDI ; alors en période de crise, je n’imagine même pas... »

Interrogée, la direction précise que ce plan concerne des suppressions de postes et non de licenciements : « Tout sera mis en œuvre pour reclasser les salariés au sein des autres structures du groupe, insiste Jean-Michel Laborie, directeur des ressources humaines. Pour l’instant, ce projet de restructuration est en consultation avec les organisations syndicales, rien n’est bouclé. »

FANNY DOLLÉ