Trosly-Breuil : L’usine Seveso peut réduire son périmètre de sécurité

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien le 14.06.2011

Le périmètre de sécurité de l’usine Clariant, à Trosly-Breuil, va passer de 2,8 km à 700 m. De quoi rassurer les riverains et relancer les projets bloqués depuis bientôt trois ans.

TROSLY-BREUIL. Bien que classée Seveso seuil haut, l’usine Clariant va pouvoir réduire son périmètre de sécurité si elle procède aux travaux pour confiner son atelier de stockage de SO2

L’Etat s’est penché sur le plan de prévision des risques technologiques (PPRT) de l’usine Clariant de Trosly-Breuil. Il a estimé la semaine dernière que l’usine, classée Seveso seuil haut, qui fabrique, entre autres, des matières premières pour détergents, pourra réduire son périmètre de sécurité à condition qu’elle procède au confinement de son atelier de stockage d’anhydride sulfureux ou SO2.

Le coût de l’opération est estimé à 2,4 M€. S’il était question que l’Etat et les collectivités territoriales y participent, ce n’est plus le cas. « Il nous a été dit qu’il ne s’agissait plus d’une mesure supplémentaire (NDRL : donc en partie financée), mais complémentaire. Nous avons cinq ans pour réaliser et payer ces travaux », indique Gilles Zubenbuhler, le directeur du site.

Seulement, cette activité dégage de très faibles marges. L’investissement est important et Clariant doit rester compétitif sur le marché. « Nos concurrents, et même notre usine allemande, ne sont pas soumis à de telles contraintes. Nous allons faire le maximum pour défendre le dossier auprès du siège suisse et pour qu’il n’y ait pas de conséquences d’ordre social. »

Car il y a deux ans, la position de Clariant, qui emploie 530 personnes, était claire : si l’usine n’avait pas d’aide financière, elle n’aurait d’autre choix que de fermer l’atelier et de supprimer des postes. « Nous allons avoir un travail de défense à faire », reprend le directeur, qui ne veut pas être alarmiste. Le maire de Trosly-Breuil, lui, nourrit quelques inquiétudes. « La CCCA (communauté de communes du canton d’Attichy) avait voté la possibilité de financement. Pour nous, trente à quarante emplois en jeu, c’est énorme », souligne Claude Mendez. « Seulement, même si nous poursuivions nos démarches, nous serions hors la loi. »

En ce qui concerne la diminution du périmètre de sécurité Seveso, le maire accueille cette nouvelle avec enthousiasme. « La population est libérée de ce carcan. Pendant deux ans, nous avions dû geler nos projets de construction d’un accueil périscolaire et d’un lotissement. Le supermarché Intermarché pourra s’agrandir comme il le souhaitait. »

Car la zone de 2,8 km décidée en juin 2008 est désormais réduite à moins de 700 m. Si la municipalité de Trosly-Breuil est rassurée, elle n’est pas la seule. L’ancien périmètre paralysait l’activité économique et le marché immobilier de six communes : Attichy, Berneuil-sur-Aisne, Couloisy, Cuise-la-Motte, Rethondes et Saint-Crépin-aux-Bois.