Goodyear : une association veut des réponses sur les cancers

, par Michel DECAYEUX

Des salariés de Goodyear ont créé une association. Elle veut faire condamner la direction sur sa gestion des produits cancérigènes.

Mon père serait fier devant ce monde, pour ce combat. Je vais signer. Goodyear doit payer ». Karine Desprez avait 30 ans lorsque son père est décédé d’un cancer en 2003, après trente ans passés chez Goodyear Amiens.

Un médecin y a officiellement vu l’implication des expositions à des produits dangereux. Une reconnaissance de maladie professionnelle post-mortem est possible. Cela n’a pas été fait, idem pour d’autres, retraités ou salariés malades.

Hier matin, une centaine d’anciens et d’actuels employés se sont retrouvée autour de Mickaël Wamen, délégué CGT, et l’avocat Fiodor Rilov.

Une association a été créée, elle fournira une lettre type pour exiger de la direction la fiche individuelle d’expositions aux hydrocarbures aromatisés polycycliques (HAP) reconnus cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR).

« La loi oblige à les fournir avec les postes occupés et pour chacun les produits auxquels a été exposée la personne. Quelques-unes ont été envoyées mais pour l’après 1998 ! dénonce Mickaël Wamen, avant de sortir quelques instants, troublé en évoquant les noms des disparus. Le décret de 2001 oblige à fournir la liste des produits cancérigènes à la sécurité sociale. En 2007 rien n’avait été envoyé. Puis ça a été fait, des aménagements réalisés, mais aucune maladie liée aux produits n’a été reconnue. »

Comme l’amiante pour Valeo L’association veut aussi fournir les éléments permettant de déposer plainte contre Goodyear, pour défauts d’informations et négligences sur la sécurité.

Enfin, elle permettra d’obtenir les modalités pour un dépôt de plainte, « et comment faire si vous souhaitez que j’accompagne cette démarche », précise Me Rilov.

Il s’agit au final d’identifier les responsabilités de Goodyear dans les conséquences sanitaires des HAP-CMR et obtenir la reconnaissance de la maladie professionnelle et des indemnisations. Pour cela une action a été lancée à New York. « Les Américains ne supportent pas qu’on manque à la sécurité des salariés », argumente Fiodor Rilov.

La justice française n’est pas laissée de côté. Le 8 juin, le tribunal correctionnel d’Amiens devrait examiner plusieurs plaintes. Enfin, Mickaël Wamen menace la Caisse régionale d’assurance maladie d’actions « pour qu’elle mette en place une procédure spécifique à Goodyear comme l’amiante pour Valeo. »

La direction de Goodyear a toujours justifié un retard d’envois de fiches par la difficulté de retrouver ses anciens employés et assure mettre à jour les informations et équipements sur les postes de travail.