Une nouvelle arme contre le travail au noir

, par Michel DECAYEUX

Le Parisien,30.04.2010

Une carte professionnelle pour les salariés du secteur du bâtiment a été créée .Depuis un chantier, les contrôleurs pourront interroger un serveur vocal et vérifier immédiatement sa validité.

Bannir les ouvriers clandestins des chantiers et mettre les entrepreneurs véreux à l’amende. Voilà le pari lancé par l’Etat aux acteurs du bâtiment et des travaux publics. Pour relever le défi, la Fédération française du bâtiment (FFB) a choisi d’étoffer son arsenal. Hier, à l’occasion d’une visite du préfet sur un chantier de Beauvais, Claude Michaux, président de la FFB de l’Oise, a dévoilé la nouvelle carte BTP.

Sorte de carte d’identité professionnelle, celle-ci devrait permettre aux organismes de contrôles (Urssaf, inspection du travail, gendarmerie) de traquer plus efficacement les salariés en situation irrégulière. A dire vrai, le dispositif n’est pas nouveau. Une première carte BTP avait été éditée à l’été 2006. Mais la nouvelle version se veut plus complète, plus pointue. En plus de la photo, du nom et du prénom du salarié, la carte comporte désormais un numéro d’identification. « Ce numéro devrait faciliter le travail des organismes de contrôle, explique Claude Michaux. Pour vérifier la validité de la carte, les autorités compétentes pourront interroger à distance un serveur vocal. Il suffira de composer un numéro azur en entrant les numéros d’identification inscrits sur la carte de la personne contrôlée… » Ce nouveau dispositif devrait offrir un gain de temps non négligeable aux organismes de contrôle. Conséquence, en plus d’être plus efficaces, les vérifications seront plus nombreuses. « En 2009 déjà, nous avons relevé 342 salariés non déclarés ou suspectés d’être en situation irrégulière, contre 94 en 2008, signale l’Urssaf de l’Oise. Cette tendance ne veut pas dire que les travailleurs illégaux sont plus nombreux. Elle témoigne juste d’une plus grande intensité des contrôles. » Les ouvriers clandestins sont prévenus. Les entrepreneurs aussi. « Nous ne transigerons plus avec les entreprises qui embauchent sciemment des personnes en situation irrégulière, avertit Claude Michaux. En cas de fraude avérée, elles seront radiées de la Fédération. » La menace n’est pas une parole en l’air. Le 23 février, un artisan a été épinglé sur un chantier de l’Anru à Beauvais. Il employait en toute connaissance de cause deux plaquistes capverdiens en situation irrégulière. Depuis, cette entreprise ne fait plus partie de la Fédération du bâtiment