Comment le gouvernement veut réduire le trou de la Sécu

, par Michel DECAYEUX

Alors que le budget de la Sécurité sociale est discuté à l’Assemblée nationale ce mardi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn affirme que 30% des dépenses de l’assurance maladie ne sont pas pertinentes.

La chasse aux économies est lancée par la ministre de la Santé.

Alors que les députés s’apprêtent à examiner le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 à partir de mardi, Agnès Buzyn, a expliqué dans une interview au Journal du Dimanche, puis au Grand Jury RTL-Le Figaro, comment le gouvernement compte mener « une trajectoire de retour à l’équilibre en 2020 » du budget. Pour réduire de 3 milliards d’euros le déficit global de la Sécurité sociale en 2018, « il y a une marge de manœuvre énorme sans toucher à l’égalité des chances : 30 % des dépenses de l’assurance-maladie ne sont pas pertinentes », déclare la ministre. « Je suis en train de repenser à une réforme cohérente pour que nous n’ayons pas à faire coupes et que tous les soins utiles soient remboursés », a-t-elle confirmé ce dimanche au Grand jury

Pour atteindre son objectif, Agnès Buzyn souhaite une augmentation de 2 euros du forfait journalier hospitalier et des baisses de prix des médicaments, mais également « favoriser l’ambulatoire ». « En chirurgie, par exemple, l’objectif est qu’en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l’hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd’hui », explique la ministre au JDD. « Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins ». « Dans ma pratique de la médecine, j’ai vu trop de gens maintenus sur des lits d’hôpitaux pendant plusieurs jours, à 1500 euros la journée, uniquement pour attendre la réalisation d’un scanner en fin de semaine », a-t-elle justifié sur RTL. Elle a déploré un système qui favorise les actes, alors qu’elle souhaite aller vers la qualité, et pour cela « lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois ». « 

Dans un parcours de soins, il y a des actes inutiles qui sont prescrits alors qu’il y a des normes de prises en charges », a-t-elle répété au Grand Jury, expliquant notamment que faire réaliser un second scanner est parfois inutile. « Il faut une meilleure formation des professionnels, un meilleur contrôle. C’est ce que j’appelle la pertinence des soins. »

Elle envisage d’ailleurs de créer des « modes de tarification centrés sur la pertinence des soins », par exemple en octroyant « un bonus, un intéressement dès lors qu’ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d’efficience ». Elle estime aussi que les hôpitaux pourraient en outre « économiser un milliard d’euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments ». Parallèlement, la ministre entend renforcer la lutte contre les fraudes à l’Assurance maladie. «  Il faut cesser d’être laxiste avec ceux qui abusent d’un système généreux », affirme-t-elle, en pointant notamment la hausse des arrêts de travail. « Jusqu’à quand l’assurance-maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ? ».

Vers un tiers payant généralisable

Concernant la généralisation du tiers payant, la ministre a confirmé qu’il n’était techniquement pas possible de mettre la mesure en place dans le délai prévu par le précédent gouvernement. La loi Santé votée sous le quinquennat Hollande prévoyait la généralisation obligatoire de la dispense d’avance de frais au 30 novembre, mais Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne présidentielle, de l’étendre en laissant le choix aux médecins de l’appliquer. Agnès Buzyn a expliqué que le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), commandé en urgence par le ministère en juillet, faisait état d’un problème informatique. « Nous allons travailler avec l’ensemble des professionnels pour que tiers payant soit généralisable,(...) pour que toutes les personnes qui en on besoin y accèdent », a-t-elle confirmé précisant par ailleurs que le rapport serait rendu public dès lundi.