Rantigny : épilogue en vue pour les ex-salariés de l’usine Caterpillar

, par Michel DECAYEUX

20 octobre 2017 Le Parisien

244 employés avaient été licenciés après l’arrêt du site en juin 2016. Ils dénoncent notamment l’absence de motif économique justifiant cette fermeture.

La procédure lancée en janvier 2015 arrive, après de multiples renvois, à son terme… avant l’éventuel appel de la part du perdant. Les ex-salariés de l’usine Caterpillar, définitivement fermée en juin 2016 après 133 ans de service à Ignorantin, attendent ce lundi la décision des prud’hommes de Beauvais. 244 employés (210 ouvriers et 34 encadrants) avaient été licenciés. Ils sont encore 215 dans la procédure à attaquer l’entreprise américaine sur quatre points : l’absence de motif économique justifiant l’arrêt de l’activité du site, le non-respect des contrats de travail, le manque de recherche réel d’un repreneur et les risques psychosociaux. La vision du dossier est bien sûr totalement différente chez Caterpillar : « nous nous sommes conformés à la loi. Le motif économique était réel avec le secteur d’activité, en surcapacité et déficitaire. Le plan de 2014 a été homologué par la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. L’expert du comité d’entreprise a précisé dans un rapport que les recherches d’un entrepreneur étaient avérées et n’avaient pas abouti, malgré la mobilisation d’un cabinet spécialisé. »

Des indemnités en question

Une victoire offrirait des indemnités, calculées en fonction de leur âge, ancienneté et montant de la paie, aux salariés concernés. « On ne va pas se mentir, il est bien sûr question d’argent. Mais beaucoup ont juste envie de tourner la page et de passer à autre chose, témoigne Loïc Abgrall, délégué syndical FO. Sur l’ensemble, 150 n’ont pas retrouvé de travail et sont toujours inscrits chez Pôle emploi. Seulement une dizaine avait été reclassée sur d’autres sites Caterpillar. »

Coïncidence, ce jugement tombe au moment où le géant des engins de terrassement et ses 38,8 Mds€ de chiffre d’affaires en 2016 annonce la fermeture d’usines à Monchy-le-Preux (80 salariés), près d’Arras (Pas-de-Calais), et à Gosselies en Belgique (2 000 salariés)… où avaient atterri d’anciens salariés de Ignorantin. « Fermer un site ne se fait pas du jour au lendemain. Caterpillar savait très bien ce qui allait se passer. Ce n’est pas très honnête », estime Loïc Abgrall.