Philippe Martinez(CGT) et Jean-Claude Mailly(FO), main dans la main contre la loi Travail, tiennent ce mercredi un meeting commun à Nantes

, par Michel DECAYEUX

le 07/09/16 AFP / Ouest France

Martinez et Mailly à Nantes : top départ pour la rentrée syndicale

Les principaux dirigeants syndicaux hostiles à la loi Travail ont donné mercredi soir, lors d’un meeting à Nantes, le top départ de la rentrée sociale, marquant, après les manifestations du printemps, une nouvelle phase de la contestation contre cette loi promulguée le 8 août.

La rancœur mutuelle des deux organisations remonte pourtant à 1947, lorsqu’une partie des troupes de la CGT, refusant l’emprise du parti communiste, a fait scission pour créer la CGT-FO. Depuis, les deux syndicats ont eu tendance à s’éviter plutôt qu’à faire front commun.

Après une poignée de main historique en 1995 entre Louis Viannet (CGT) et Marc Blondel (FO) au moment des grèves contre la réforme de la Sécurité sociale et un court rapprochement en 2013 contre l’accord national sur la sécurisation de l’emploi, c’est la loi Travail qui a fait bouger les lignes. Les images montrant Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly se sont multipliées durant la mobilisation.

le 15 septembre, ils marcheront côte-à-côte à Paris.

En début de soirée, 1 800 personnes, selon la police, et entre 2 000 et 3 000, selon les organisateurs, étaient rassemblées par une chaleur écrasante sur l’esplanade des Machines, devant les anciens ateliers des ex-chantiers navals de Nantes, fermés en 1987, en présence notamment de Jean-Claude Mailly et de Philippe Martinez, respectivement secrétaires généraux de FO et de la CGT. « Nous avions promis au président de la République de nous retrouver après les congés (...). Nous sommes bel et bien là », a déclaré Philippe Martinez. « Un mauvais projet de loi au printemps reste une mauvaise loi à l’automne et c’est pourquoi nous demandons son abrogation ». « Rien ne nous a été épargné », a-t-il poursuivi : « Les insultes, les violences, les tentatives d’intimidation », la « répression syndicale », en référence à l’interpellation de deux dockers au Havre le 31 août dernier alors que le responsable de la CGT s’y trouvait en visite.

« Le chewing-gum qui colle aux baskets du gouvernement » « Ce n’est pas parce qu’une loi est publiée au Journal Officiel que, du jour au lendemain, c’est devenu une bonne loi. Les problèmes de fond demeurent », a renchéri M. Mailly, promettant de « maintenir la pression » et de continuer à être « le chewing-gum qui colle aux baskets du gouvernement ». Premier secrétaire général de FO à se rendre à la Fête de l’Huma, il y participera samedi, toujours aux côtés de M. Martinez, à un débat sur la loi Travail.

Le 15 septembre, ils marcheront à nouveau côte à côte à Paris, à l’occasion d’une nouvelle journée nationale d’actions pour réclamer l’abrogation du texte. Après cette date, « on verra » quelle forme prendra la mobilisation, a indiqué le leader de la CGT, tandis que celui de Force ouvrière s’est prononcé pour la déplacer sur le terrain juridique. « On travaille actuellement sur des recours juridiques à différents niveaux parce qu’on peut aussi gagner de cette manière-là », a-t-il dit.

Intervenant avant les leaders syndicaux, Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire général CGT de la raffinerie Total de Donges, en grève pendant 25 jours au printemps contre la loi travail, s’est dit« conscient qu’il sera difficile de réamorcer un tel bras de fer ». « Mais nous mettrons tout en œuvre pour recréer les conditions de cette mobilisation le plus vite possible », a-t-il assuré.

« Le temps du débat » « On entre dans une nouvelle phase. Il y a eu quatre mois de contestations, une nouvelle journée le 15… (...) Aujourd’hui, c’est le temps du débat qui doit s’ouvrir », a insisté Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Tour à tour, les responsables syndicaux, dont Eric Beynel, porte-parole de l’Union Syndicale Solidaires, et Lilâ Le Bas, future présidente de l’UNEF, ont exprimé leur souhait de « remettre les questions sociales au cœur du débat », après une actualité marquée notamment par la polémique sur le burkini, en cette période pré-électorale.

« Beaucoup de candidats ont voulu nous entraîner sur un autre terrain en ce début de campagne, un terrain qui a une odeur nauséabonde, avec souvent des relents racistes sous couvert de sécurité », s’est ainsi indigné Philippe Martinez. Le meeting devait à l’origine se tenir le 26 août à l’occasion de l’université du Parti socialiste, finalement annulée par le parti. Il se déroulait alors que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, devait rencontrer mercredi soir la ministre du Travail, Myriam El Khomri. « Je lui dirai qu’il faut sortir très rapidement les décrets d’application » de la loi Travail, avait expliqué M. Berger sur LCI.

Au total, 127 mesures de la loi Travail nécessitaient des décrets. Mme El Khomri a promis d’en publier un « grand nombre » avant fin octobre et « la quasi-totalité avant la fin de l’année ».

Déclaration commune CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL

Un mauvais projet de loi devient une mauvaise loi !

La loi Travail n’est pas bonne pour les salarié-e-s et les jeunes. Elle ne le sera pas non plus pour l’économie du pays.

Alors que le chômage et la précarité augmentent, en affaiblissant les conventions collectives au profit des accords d’entreprise, cette loi accroît la concurrence entre les entreprises poussant à l’alignement sur le « moins offrant »pour les salariés. Cette logique de dumping social va engendrer davantage de flexibilité et de précarité et remettre en cause nombre d’acquis sociaux.

Cette loi contrevient aux conventions 87, 98 et 158 de l’Organisation Internationale du Travail relatives à la négociation collective, aux libertés syndicales et aux licenciements.

Les organisations syndicales étudient tous les recours et moyens juridiques possibles pour s’opposer à la mise en œuvre de la loi Travail.

L’emploi, les salaires et les conditions de travail restent des préoccupations majeures pour les citoyen-ne-s.

Le chômage et la précarité sont des fléaux pour notre pays. Les créations d’emplois, dans le privé comme dans le public, sont pourtant nécessaires pour répondre aux besoins de toute la société. La stabilité et la qualité des emplois sont non seulement gage de progrès social et de qualité de vie pour les salarié-e-s et les jeunes, mais sont aussi un facteur essentiel de création d’emplois.

La loi Travail tourne le dos à cet enjeu ! Tous les pays qui ont fait l’expérience d’une telle réforme du droit du travail (Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Allemagne) en mesurent aujourd’hui les conséquences néfastes. Affaiblir le code du travail, c’est affaiblir les droits de tous les salarié-e-s !

Il est clair qu’à terme la fonction publique sera aussi concernée car nombre de règles statutaires relève de la transposition de dispositions du code du travail (dialogue social, respect de la hiérarchie des normes et des droits collectifs, temps de travail, etc.).

C’est pourquoi nos organisations continueront à mener tous les débats nécessaires avec les salarié-e-s et les jeunes pour, à l’inverse de cette loi, promouvoir d’autres propositions, obtenir son abrogation et gagner de nouveaux droits pour toutes et tous.

Pendant l’été, de nombreuses initiatives locales se sont développées et la carte postale au Président de la République a été largement utilisée. Comme nous l’avons écrit au Président de la République, « on se retrouve à la rentrée... », notamment sur les meetings et débats unitaires déjà programmés.

Les organisations dénoncent les faits de répression dont sont aujourd’hui victimes des militant-e-s syndicaux-ales, des jeunes, des salarié-e-s et des agents publics. (exemple : Mme El Khomri a désavoué l’inspection du travail en validant le licenciement d’un délégué syndical d’Air France)

Les organisations syndicales de salarié-e-s et de jeunesse CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL appellent les salarié-e-s, privé-e-s d’emploi, étudiant-e-s, lycéen-ne-s, retraité-e-s à se mobiliser massivement pour réussir la journée d’actions du 15 septembre contre la loi Travail, selon des modalités décidées localement (rassemblements, manifestations, grèves, etc…), pour obtenir l’abrogation de cette loi et conquérir de nouvelles garanties et protections collectives.

Manifestations dans l’Oise, le jeudi 15 septembre

- A Compiègne à 10h00 cours Guynemer

- A Beauvais à 14h00 devant le lycée Félix Faure