Dernier jour chez Sachs à Mouy

, par Christine BORDERIAS-SOLER

L’usine d’amortisseurs a définitivement fermé ses portes. Hier matin, les 214 salariés licenciés ont quitté le site, avec émotion, après plus de trente années sur place pour certains.

« C’est fini maintenant, t’as toujours été courageux. » Un ouvrier licencié tente d’en réconforter un autre devant le portail bleu à l’entrée de l’usine. Un portail qui se referme derrière eux pour ne plus se rouvrir, laissant 214 salariés sur le carreau. Alors, forcément, certains ont une boule au ventre.

D’autant que le processus a été d’une rapidité extrême, il y a tout juste cinq mois que la cessation d’activité a été annoncée, provoquant la stupeur du personnel.

L’arrêt des machines a été avancé d’une semaine

« Tout le monde pleurait ce matin (hier matin) dans les ateliers », confirme un employé du service de nettoyage qui, lui aussi, a pris son service pour la dernière fois. Sa blouse, siglée Sachs, est accrochée aux barbelés le long de la route avec une dizaine d’autres. L’ultime témoignage de dizaines d’années de travail sur place. On se salue, on se sert la main, on se prend dans les bras parfois, les yeux rougis. « Tout le combat a été fait avant, mais le dernier jour, c’est symbolique », explique Stéphane Maciag, délégué CFDT. « Pendant trente ans, tu as vu les mêmes personnes tous les matins, et à partir de demain, tu ne les reverras pas. » L’arrêt des machines a été avancé d’une semaine. « La direction avait peur qu’il y ait de la casse sur le matériel qu’ils vont emmener en Turquie sur le nouveau site de production », considère André, 56 ans. Quand il est entré chez Sachs, il en avait vingt. En trente-six ans de maison, il a occupé différents postes. Jusqu’à ce matin, il était soudeur. « Vous remercierez Sarkozy et Merkel » martèle-t-il. André ne se fait pas d’illusions sur ses chances de retrouver un emploi, à quelques années de la retraite. « Il n’y a plus de boulot dans l’Oise et puis, on n’est pas les seuls à chercher avec toutes les usines qui ferment. » Chez Sachs, la moyenne d’âge des salariés licenciés est de 46 ans. « Même s’ils font une reconversion, ça va être difficile pour les plus âgés » se désole Stéphane Maciag. Hier, il leur a donné rendez-vous en septembre, pour ceux qui signeront le congé de reclassement : 70 % du salaire brut pendant neuf mois assortis de programmes de formation.

Le Parisien 25/07/2009