Quand 1% de la population détient près de 50% des richesses mondiales

, par Michel DECAYEUX

19 Janvier 2015 Métis et 21 Janv. 2015 Le Parisien

Selon un rapport que vient de publier l’ONG Oxfam, le patrimoine mondial se concentre de plus en plus aux mains d’une petite élite fortunée.

En 2014, les 1 % les plus riches détenaient 48 % des richesses mondiales, laissant 52% aux 99% restants. La quasi-totalité de ces 52% sont aux mains des 20 % les plus riches. Au final, 80 % de la population mondiale doit se contenter de seulement 5,5% des richesses. Si cette tendance de concentration des richesses pour les plus riches se poursuit, ces 1 % les plus riches détiendront plus de richesses que les 99% restants d’ici seulement deux ans.

L’année 2010 marque un point d’inflexion dans la part des richesses mondiales aux mains de ce groupe. En 2010, la fortune nette des 80 personnes les plus riches au monde s’élevait à 1 300 milliards de dollars. En 2014, leur fortune cumulée était de 1 900 milliards de dollars, soit une augmentation de 600 milliards de dollars en seulement 4 ans (ou de 50% en valeur nominale). Les richesses de ces 80 individus sont désormais équivalentes à celles détenues par les 50% les moins bien lotis de la population mondiale. Dans le même temps, entre 2002 et 2010, les richesses totales de la moitié la plus pauvre de la population ont augmenté plus ou moins au même rythme que celles des milliardaires (en dollars courants). Mais elles déclinent depuis 2010.  1 personne sur 9 ne mange pas à sa faim  2.7 Millions de dollars le patrimoine moyen de chaque membre adulte du 1% le plus riche de la population mondiale  3854 dollars le patrimoine moyen des 80 % les plus pauvres de la population mondiale Source : Oxfam 2015

Richesse : les dangers d’un monde à deux vitesses

Réunis à Davos (Suisse), les dirigeants mondiaux discuteront des risques que les inégalités font peser sur l’économie

LES GRANDS de ce monde se seraient-ils convertis aux idées d’Oxfam international, l’ONG canadienne qui dénonce l’envolée des inégalités entre riches et pauvres ? On pourrait le croire en voyant invitée, ’au milieu des 2 500 chefs d’Etat - dont François Hollande -, décideurs économiques et autres experts réunis à Davos en Suisse pour le Forum économique mondial qui s’ouvre aujourd’hui, la patronne d’Oxfam, Win- , nie Byanyima. Elle est venue tirer la sonnette d’alarme. Son ONG. assure. que d’ici 2016 le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches de la planète dépassera celui des 99 % restants de l’humanité. Des chiffres contestés et à manier avec des pincettes (voir ci avant) mais qui recoupent des préoccupations bien réelles.

Un rééquilibrage par le biais de politiques volontaristes

Des Etats-Unis, où le président, Barack Obama, a placé hier la question des inégalités au cœur de son discours sur l’état de l’Union, aux institutions internationales (FMI, OCDE) et même à l’agence de notation Standard & Poor’s, ces derniers mois, de plus en plus de voix se sont inquiétées des menaces que le fossé entre riches et pauvres fait peser sur la croissance mondiale. Aucun point de vue idéologique là dedans, les économistes dé fendent une approche pragmatique.

« Notre analyse des données, nous conduit à conclure que le niveau actuel d’inégalités de revenus aux Etats-Unis freine la croissance du produit intérieur brut », écrivaient en août 2014 les analystes de Standard & Poor’s, qui ont révisé à la baisse leur prévision de croissance à dix ans pour l’économie américaine (de 2,8 % à 2,5 %). "Même son de cloche du côté de la patronne du FMI, Christine Lagarde, qui l’année dernière déclarait : « Dans de trop nombreux pays, les bénéfices de la croissance ont profité à trop peu de gens, ce qui n’est pas la bonne recette pour, la stabilité et la durabilité » de la croissance mondiale. Nombre d’experts d’envergure plaident donc aujourd’hui en faveur d’un rééquilibrage des richesses par le biais de politiques volontaristes. Lutte contre les paradis fiscaux, taxation des plus hauts revenus, des multinationales, réduction des niches fiscales, mais aussi ,investissement accru dans les systèmes éducatifs et les services de santé. Si, en France : le débat est moins prégnant, c’est parce que les inégalités sont moins prononcées qu’ailleurs. La politique fiscale et l’importance des services publics jouent, bon gré mal gré, leur rôle d’amortisseur. Mais au niveau mondial, le débat est lancé. .. Au final, les économistes s’accordent : « Des milliardaires de plus en plus riches, ce n’est pas grave, à condition que pendant ce temps-là la classe moyenne élargisse son périmètre. » Chez les pays émergents, cela fonctionne : ,les milliardaires chinois sont chaque année plus nombreux, mais « la classe moyenne du pays a bondi de 100 millions il y a quinze ans à 450 millions aujourd’hui », ’note Marc Touati. Le hic ? En Europe, « et en France notamment, les riches s’en sortent mais la paupérisation de la classe moyenne est réelle ». Un phénomène d’autant plus inquiétant que, dans le même temps, l’Hexagone bénéficie d’amortisseurs (indemnités chômage, aides sociales). Avec une classe moyenne en réduction, le risque est celui d’une panne générale, « car ce qui fait avancer un pays, c’est le sentiment qu’on les parents que leurs enfants auront une meilleure vie que la leur », explique Marc Touati

 Le coût de la vie dans chaque partie du monde Infographie en annexe PDF